Le camp s’étendait à perte de vue, Les tentes bariolées de noires et de blancs aux couleurs du Royaume de Dauph se découpaient contre le ciel gris, leurs toiles claquant faiblement sous le vent. La nuit commen?ait à s’installer et ?a et là des feux crépitaient jetant des ombres vacillantes sur le visage les soldats. Les odeurs de fumée se mêlaient à l’odeur de la sueur et des mauvais repas qui étaient servis. Parmi tous les soldats, Flavius Venez juste d’être enr?lé, Il venait juste de fêter son 19e anniversaire la semaine dernière quand l’armée est venue le chercher au village. Après un entra?nement rapide de quelques jours il avait été envoyé en tant que fantassin dans ce camp. Son armure un peu trop grande et bosselée des coups re?us par son ancien propriétaire luisait faiblement à ses c?tés avec les lueurs des feux. Un parfum de guerre flotté dans l’air et commen?ait à asphyxier Flavius. Le camp était complètement silencieux si on excluait le bruit des armures et des armes qui étaient polis. C’était un calme avant la tempête, c’était quelque chose d’irréel, presque malsain mais il savait qu’il n’avait pas le choix point. Demain ?a serait l’enfer.
Flavius se tenait près du feu une cuillère de soupe tiède entre ses doigts tremblants, Cette soupe insipide lui prédisait les horreurs qu’il allait vivre. Comme dit le dicton plus la nourriture de l’armée est mauvaise, plus l’armée est puissante. Il espérait que ce dicton soit vrai Car il ne voulait pas que sa vie finisse si t?t. à ses c?tés, Cassius s’installa avec un grognement, son armure cabossée sous son bras. Ces épaules larges portaient les marques d’un entra?nement rude, ses yeux ternes et fatigués trahissaient déjà une ame usée et ab?mé par les combats.
? Tu te fais du souci Flavius ? ? demanda Cassius, sa voix basse et neutre, presque noyée par le crépitement des flammes.
Flavius hocha la tête. ? Je n’ai jamais tenu je n’ai jamais tenu une épée de ma vie. Et les récits des batailles que les vétérans m’ont racontés ne m’inspirent pas courage. Il y a eu beaucoup trop d’hommes dans mon cas, fra?chement enr?lés qui n’ont pas passé la journée. ?
Cassius reste un silencieux un instant ton souffle formant de petits nuages glacés dans l’air. Puis l’achat à contre c?ur ? tu verras. On s’y habitue. Survivre, c’est tout ce qui compte. ?
Avant que Flavius ne puisse répondre, une ombre massive s’approcha, Lysandre. Plus agé, le vétéran avait le visage bardé de cicatrices, Sa dernière cicatrice, une balafre livide courant de son front jusqu’à la machoire et continuant jusqu’à son épaule. Il dégageait une aura de violence contenu. Sa réputation le précédait brave jusqu’à la folie, mais prompt à exploser comme une arquebuse mal chargée. ? Bien s?r que tu ne t’habitueras ! ? dit Lysandre, un sourire crispé sur ses lèvres. ? Mais si tu veux survivre gamin pense surtout à ta peau à pour tout. Sur le champ de bataille il ne faut pas aider les autres il faut survivre même si cela implique de voir ton meilleur ami mourir. ?
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Tiberius, une jeune recrue Comme Flavius se tenait à ses c?tés. ? On dit que les gens du Royaume de Fine sont des guerriers féroces et sans merci. Qu’ils achèvent les blessés ennemis au lieu de les garder pour une ran?on. ?
Lysandre le toisa, son regard froid come la mort. ? Les Fines sont des hommes comme nous, forcés à survivre jusqu’à la prochaine bataille pour la gloire de leurs chefs. Pas une seule fois je les ai vu tuer les blesser ennemis mais ils ne les aident pas non plus. Un soldat ennemi de moins c’est une chance de plus pour voir le soleil se lever. Mais le vrai danger ce n’est pas eux, ce n’est pas l’ennemi, c’est toi-même. Si tu te crois invincible, tu es mort. ?
Ces paroles s’enfoncèrent dans la tête de Flavius comme un clou rouillé qui pénètre à coup de masse, douloureux, tordu qui gangrène l’esprit comme la rouille gangrène tout ce qu’elle touche. Il n’avait pas encore expérimenté la guerre mais il commen?ait à pressentir l’horreur. Chaque mot, chaque regard échangés avec les autres semblait le préparer à un moment où une erreur, une hésitation, un excès de confiance pourrait le faire rejoindre son père et ses frères engloutis par cette guerre interminable. Il la sentait arriver, cette machine infernale qui broie les ames et les corps, les faibles et les arrogants, tous sans distinctions, tous unis, tous égaux à ses pieds.
La nuit tomba, épaisse et froide, embrassant le camp, l’engloutissant dans une obscurité reflétant l’ame des vétérans, un miroir presque parfait qui dépeint le futur de tout soldat confronté à cette guerre. Les braises commen?aient à mourir comme asphyxiées par les ombres. C’est dans cette atmosphère oppressante que Flavius se couchat dans sa tente, le sol dur sous sa couverture, dernier souvenir de son père tombé il y a deux ans. Il ferma les yeux et son imagination commen?at le travail de sape. Les mots des vétérans tournaient en boucle dans sa tête. L’excitation et la peur s’entremêlaient, un mélange toxique qui l’empêchaient de trouver le repos dont il avait besoin.
? Dors ! ? lui dis Cassius.
? Comment peux-tu dormir avec ce qui va se passer demain ? ? lui répond Flavius ? Demain sera peut-être mon dernier jour sur terre. ?
? Tu ne peux pas contr?ler ?a alors ?a ne sert à rien de t’inquiéter. Et si tu ne dors pas demain sera surement ton dernier jour. ? sur ce, Cassius se tourna indiquant que la conversation était finie.
Finalement, la fatigue l’emporta sur l’imagination et il sombra dans un monde de cauchemar où il voyait sa famille lui dire de ne pas venir, de ne pas les rejoindre.
L’aube se leva, trop t?t, trop vite, sur une terre noyée de brume, comme si les ames des morts tentaient de retenir la nuit pour empêcher leurs rangs de gonfler. L’air était lourd, charger d’humidité, collant comme un suaire invisible. C’est sous se présage funeste que le camp se réveilla.