La lueur des étoiles palissait à mesure que la nuit avan?ait, mais l’obscurité qui pesait sur le groupe était loin d’être dissipée. Haruka, Keiji et Izumi avaient formé une alliance fragile, mais nécessaire. Ils étaient liés par la quête de vérité, une vérité qu'Izumi semblait détenir et qui leur échappait encore. Autour du feu, le silence était presque palpable. Haruka n’arrivait pas à se défaire de l’impression que quelque chose clochait. Il ne s’agissait pas seulement de ce monde, ni des règles que Ka?ron avait imposées. C’était quelque chose de bien plus insidieux.
Izumi, assise sur un rocher, observait les flammes dansantes avec une expression distante. Elle semblait perdue dans ses pensées, mais Haruka savait que ce qu’elle leur avait révélé ne venait pas sans un co?t. Elle savait des choses qu’il n’osait même pas imaginer. Des choses qui bouleversaient leur vision du monde. Mais à quel prix ?
— Izumi… commen?a Haruka, brisant enfin le silence. Tu parlais de la véritable nature de ce monde. Comment savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas ?
La jeune femme leva lentement les yeux vers lui, comme si elle venait tout juste de sortir d’un rêve.
— La question n’est pas de savoir ce qui est réel ou non. La vraie question, Haruka, c’est de savoir à quel point tu es prêt à accepter la vérité. Les créateurs de ce monde, ils ont tout prévu. Chaque mouvement, chaque action. Mais ils veulent voir si tu peux comprendre leur jeu avant qu’ils ne décident de te faire dispara?tre.
Keiji se tourna vers elle, les yeux pleins de questions.
— Tu veux dire qu’ils nous observent constamment ? Qu’ils sont toujours là, à nous tester ? à manipuler notre destin ?
Izumi hocha la tête.
— Exactement. Ce monde a été con?u pour étudier la réaction des élus. Mais contrairement à ce que vous pourriez penser, ce n’est pas Ka?ron qui contr?le tout. C’est lui qui a con?u le système, mais les véritables ma?tres du jeu sont des entités bien plus anciennes et puissantes que vous ne pouvez l’imaginer. Ils ne veulent pas seulement voir si vous pouvez survivre… Ils veulent voir jusqu’où vous pouvez pousser vos limites.
Haruka se leva brusquement, agité. Ses pensées se bousculaient. Les paroles d’Izumi résonnaient dans son esprit. Ils étaient prisonniers, manipulés par des forces invisibles, mais plus que tout, il ressentait le poids de chaque décision qu’il prendrait. Chaque erreur les conduirait plus près de la fin.
— Et comment on les affronte, ces entités ? demanda-t-il, son regard per?ant.
Izumi resta silencieuse un instant, puis se leva à son tour. Le vent soufflait, apportant une sensation étrange, comme un souffle chargé de mystères. Elle observa les étoiles, puis tourna lentement son regard vers Haruka.
— Vous ne pouvez pas les affronter… pas de la manière dont vous l’imaginez. Mais il y a une clé. Une clé que vous avez déjà rencontrée. Ce n’est pas un artefact. Ce n’est pas un objet. C’est quelque chose de bien plus… profond. Une partie de vous-même.
Haruka fron?a les sourcils, ses pensées tourbillonnant. Il ne comprenait toujours pas. Mais Izumi ne semblait pas pressée de répondre à ses questions. Elle avait ses propres raisons de garder certains mystères intacts. Un éclair de frustration traversa son esprit, mais il se for?a à se calmer.
— Et comment on trouve cette clé ? demanda Keiji, qui n’avait toujours pas digéré la révélation d’Izumi.
Izumi se tourna vers lui, un léger sourire aux lèvres. Son regard semblait presque apaisé, comme si elle voyait quelque chose que les deux jeunes hommes ne comprenaient pas encore.
— Il ne s’agit pas de chercher quelque chose de tangible, Keiji. La clé, c’est l’éveil. C’est comprendre que vous êtes bien plus que ce que vous croyez. Votre pouvoir ne se limite pas à ce que Ka?ron vous a donné. Il existe d’autres dimensions de vos capacités, des possibilités que vous n’avez pas encore explorées. C’est ce qu’il veut voir. Et c’est ce qu’il redoute.
Haruka secoua la tête, un peu perdue. Les réponses qu’il cherchait semblaient être juste à portée de main, mais chaque indice n’apportait que plus de questions.
— Alors, qu’est-ce qu’on doit faire ? demanda-t-il, un peu désespéré. Comment on se prépare à tout ?a ?
Izumi fit un pas en avant, son regard devenu plus grave.
— Vous vous préparez en devenant plus forts. Ce n’est pas une simple guerre de survie, Haruka. C’est une guerre pour découvrir la vérité de ce monde. Et pour ?a, vous devrez vous dépouiller de vos peurs, de vos doutes. Vous devrez vous rendre compte que tout ce que vous croyez savoir est peut-être une illusion.
Un frisson parcourut Haruka, mais il n’eut pas le temps de répondre, car un bruit sec fit écho dans la forêt, comme un coup de tonnerre lointain. Un bruit qui ne venait pas du ciel. Quelque chose de lourd, de mena?ant, s’approchait rapidement.
— Préparez-vous ! s’écria Izumi. Ils sont là.
Haruka et Keiji se mirent immédiatement en position de combat. Le vent soufflait plus fort, comme un avertissement. Les créatures qui approchaient étaient réelles, et leur présence en ce lieu n’était pas un hasard. Elles étaient là pour une seule raison : éliminer ceux qui cherchaient à comprendre la vérité.
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Des silhouettes noires se formèrent dans les ombres, leurs yeux brillants d’une lumière malveillante. La tension était palpable, et l’air semblait se densifier sous le poids de l’affrontement imminent.
— Ne vous laissez pas distraire ! continua Izumi. Vous devez vous concentrer sur l’essentiel. Ces créatures ne sont qu’un test supplémentaire. Restez unis, et tout ira bien.
Les créatures se rapprochèrent encore, et dans l’obscurité, leurs formes se précisèrent. Haruka sentit son c?ur battre plus fort, mais il ne fléchit pas. Il savait ce qu’il devait faire. Ils n’étaient pas seuls, et ensemble, ils pouvaient faire face à ce qui se cachait dans les ténèbres.
Le combat allait bient?t commencer.
Le vent soufflait avec une violence inattendue, arrachant des feuilles et les projetant dans toutes les directions. Haruka se tenait sur ses gardes, son regard fouillant les ténèbres autour de lui. Il n'avait jamais ressenti une telle tension dans l'air. Ce n'était plus le simple danger d'une créature ou d'un ennemi qu'ils pouvaient affronter. Non, ce qui approchait était bien plus insidieux.
Izumi, les yeux per?ants, restait calme, comme si elle anticipait chaque mouvement. Haruka s'effor?a de ne pas montrer ses propres appréhensions. Les créatures qui approchaient étaient comme des ombres vivantes, presque insaisissables, et chaque bruit qu'elles émettaient semblait se répercuter dans l'obscurité, amplifié par la pression de l'instant.
— Restez proches, ordonna Izumi d'une voix ferme. Ne vous séparez pas. Ces créatures sont des illusions, mais elles peuvent infliger des dégats réels. Leur but est de tester vos capacités à affronter la peur et la confusion.
Haruka serra les poings. Son pouvoir, la foudre, se manifesta presque instinctivement, créant de petites éclairs qui illuminaient brièvement les alentours. Il ne pouvait se permettre d'être submergé par la peur. C'était maintenant ou jamais. Il fallait être prêt à affronter ce qui venait.
Keiji, quant à lui, était plus nerveux que jamais. Ses mains tremblaient légèrement, mais il s’effor?a de ma?triser ses émotions. Ils n’étaient pas encore à l’abri. Il fallait se concentrer. Survivre.
Le silence, à nouveau, envahit la forêt, aussi pesant que la nuit noire elle-même. Puis, les créatures firent leur apparition.
D'abord, ce fut une silhouette floue dans l'ombre, suivie de plusieurs autres. Elles étaient grandes, d’une taille presque irréelle, et leur forme semblait se déformer à chaque mouvement. Leurs corps semblaient composés d’un mélange d’ombre et de lumière, changeant à chaque battement de c?ur. Elles n’avaient pas de visages, mais une lueur mena?ante émanait d'elles, une lueur terrifiante et surnaturelle.
Haruka sentit son c?ur se serrer. C’étaient des manifestations de l’obscurité, des entités créées pour les déstabiliser, les faire douter. Leur apparence était fluide, indéfinie, comme si elles n’étaient qu’un mauvais rêve pris forme. Mais il ne fallait pas avoir peur. Pas maintenant. Ils devaient rester unis, comme l’avait dit Izumi.
— Ce sont des Ombres d’Inconscience, expliqua Izumi, sa voix froide et calculée. Elles se nourrissent de votre doute, de vos faiblesses. Ne laissez pas vos peurs prendre le dessus, ou elles vous dévoreront.
Les Ombres s’approchèrent lentement, flottant presque, leur présence envahissant chaque recoin du campement. Haruka observa attentivement. Elles n’étaient pas rapides, mais leur simple présence suffisait à faire frissonner l’air autour de lui. Il savait que tout serait question de concentration.
— Ne les sous-estimez pas. Elles peuvent manipuler vos propres peurs, dit Izumi d’un ton grave, son regard sans faille fixé sur l’une des créatures qui semblait se former devant elle.
Haruka se concentra, respirant profondément. L’électricité commen?a à gronder en lui, une énergie prête à éclater. Il n’avait pas le luxe de douter. Il lan?a un regard à Keiji, qui semblait figé, les yeux écarquillés par la terreur qui l’envahissait.
Ne faiblis pas, Keiji. Reste concentré. Haruka savait que Keiji devait se contr?ler, ou il risquait de perdre la ma?trise de la situation. Ils ne pouvaient pas se permettre d’avoir des faiblesses.
Il leva sa main droite et des éclairs crépitèrent autour de lui, illuminant brièvement la forêt. Un éclair se forma, s’élan?ant vers l’Ombre qui semblait la plus proche. L’attaque frappa l’entité en plein c?ur, mais l’Ombre ne disparut pas. Au contraire, elle se redressa, plus imposante encore, sa forme devenant plus vaste, plus mena?ante.
— Ce n’est pas suffisant, murmura Izumi. Les Ombres se nourrissent de l’énergie que vous leur donnez. Ne les attaquez pas directement. Utilisez leur propre pouvoir contre elles.
Haruka, un peu désorienté, hésita. Comment pourrait-il utiliser l’énergie de ces créatures contre elles-mêmes ? Il n’avait pas le temps de réfléchir. L’Ombre qui l’avait attaqué se dirigeait désormais vers lui, ses bras s’étendant de manière grotesque, comme pour l’engloutir tout entier.
L’instinct prit le dessus. Haruka concentra la foudre qui se préparait dans ses mains. Mais au lieu de la lancer directement, il la dirigea vers le sol, frappant le sol juste devant lui. Le sol se fissura sous l’intensité de l’éclair, envoyant des vagues de choc dans la direction des Ombres, perturbant leur mouvement fluide. L’Ombre se figea un instant, comme si elle était désorientée.
Izumi observa, un regard approbateur dans ses yeux.
— Bien joué, Haruka. Tu as perturbé leur énergie. Maintenant, attaque leur c?ur.
Haruka n’hésita plus. Il se concentra à nouveau, envoyant une décharge de foudre ciblée au centre de l’Ombre la plus proche. Cette fois, l’Ombre sembla vaciller sous le choc, mais elle résista encore.
— Tu vois, dit Izumi. Ce ne sont pas des créatures physiques. Elles n’ont pas de corps. Mais elles ont une forme d’énergie. Pour les vaincre, il faut les briser à la source. C’est comme si vous deviez détruire l’illusion d’un ennemi avant de pouvoir l’éliminer.
Haruka serra les dents. Ce n’était pas facile, mais il comprenait maintenant. Il devait utiliser leur propre énergie pour les déstabiliser et les annihiler à la racine. Il en était capable.
Keiji, qui jusque-là était resté en retrait, se redressa soudainement, son visage marqué par une détermination nouvelle. Il n’avait plus peur.
— Je vais les soutenir ! lan?a-t-il.
Sans prévenir, il fit une série de mouvements, utilisant l’ombre comme couverture pour se rapprocher d’une des Ombres. Il se servit de son agilité pour éviter les attaques directes, se glissant dans les recoins, cherchant le point faible de chaque créature.
Haruka n’eut pas le temps de se réjouir. Une autre Ombre, plus grande que les précédentes, surgit derrière lui, prête à l’attaquer. Mais au moment où il se tourna, la foudre jaillit de ses mains, frappant l’Ombre avant qu’elle n’ait le temps d’intervenir. L’entité s’effondra en une brume noire, disparut dans une éclatante lumière.
Izumi, qui observait la scène avec une concentration intense, lacha un faible sourire. Les Ombres étaient désormais moins nombreuses. Leurs formes commen?aient à se dissiper. La pression diminuait.
— Vous avez fait un excellent travail. Mais n'oubliez pas, ce n’est que le début.
Haruka regarda autour de lui. Les ténèbres se dissipaient lentement, et l’obscurité qui les entourait semblait se retirer, mais l’inquiétude demeurait. Ce n’était qu’une bataille parmi tant d’autres. Il n’avait pas encore vu la véritable nature de l’ennemi. La guerre n’était pas terminée.
?