Le cristal scintillait, vibrant au centre de la salle comme une étoile prise dans un faisceau de lumière. Haruka s’approcha lentement, le c?ur battant fort, son esprit tiraillé entre la peur et la curiosité. Les fissures qui se propageaient à travers la surface du cristal semblaient vibrer à un rythme presque cadencé, comme si elles respiraient, réagissant à sa présence. Cette étrange sensation d’être observé, cette sensation que le temps lui-même était suspendu, envahissait son être.
Tout autour de lui, la grande salle semblait se rétrécir. Le sol était recouvert de débris, des morceaux de pierres anciennes et des artefacts abandonnés. Des ombres dansaient sur les murs, projetées par la lumière incertaine qui émanait du cristal. Chaque brèche, chaque éclat qui apparaissait dans la surface de l’artefact semblait être une promesse de vérité, mais également un avertissement. Un avertissement qu’il n’était peut-être pas prêt à recevoir.
— **"Tu vois ce que tu cherches, Haruka,"** murmura la voix de Ka?ron, résonnant dans l’air avec une clarté presque trop parfaite. **"Tu touches à la vérité, mais tu ignores tout de ce que cela implique."**
Haruka sursauta, ses yeux balayant la pièce à la recherche de l’origine de la voix. Mais tout était calme, trop calme. Il se tourna vers le cristal. La lumière qu’il émettait grandissait à mesure que les fissures se multipliaient, formant des motifs étranges, des symboles qui semblaient se déformer et se réarranger sans fin. C’était comme si le cristal était vivant.
— **"C’est ici que tout a commencé, Haruka,"** reprit Ka?ron, plus proche cette fois, sa voix prenant une teinte plus sombre. **"Tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as découvert, tout cela n’a été qu’un prélude. Une brèche dans le temps."**
Le temps, Haruka pensa. Un mot qui ne résonnait pas de la même manière qu’avant. Il avait toujours cru que le temps était une ligne droite, un fleuve qui s’écoulait sans fin. Mais ici, dans cette salle, au c?ur de cet artefact brisé, tout semblait se confondre. Le passé, le présent et le futur s’entremêlaient dans une danse chaotique, comme si le cristal était le centre même de l’univers, un point où toutes les réalités convergeaient.
Il tendit la main, effleurant la surface du cristal. à ce moment-là, une déflagration de lumière éclata dans la pièce. Une énergie immense jaillit du cristal, et Haruka fut projeté en arrière, heurtant le sol. La lumière l’enveloppa, s’insinuant dans chaque fibre de son corps, comme un feu sacré consumant tout sur son passage.
Les murmures se faisaient de plus en plus forts. Des voix lointaines, des cris de douleur, des éclats de rire fous, tout se mêlait dans un tumulte inextricable. Et au milieu de tout cela, une silhouette se dessina. Une ombre familière, à la fois humaine et déformée par l’énergie du cristal.
— **"Tu comprends maintenant, Haruka ?"** demanda la silhouette, un sourire sinistre se dessinant sur ses lèvres. **"Tu crois que tu es le ma?tre de ton destin, mais en réalité, tu n’es qu’une marionnette. Un pion dans un jeu plus vaste que tu n’auras jamais la capacité de comprendre."**
Haruka se redressa, les jambes tremblantes, le regard fixé sur la silhouette. Il n’était plus devant Ka?ron. Non, ce n’était pas Ka?ron qui se tenait là. C’était quelque chose de bien plus ancien. Quelque chose qui avait été là avant même Ka?ron, avant même la naissance de ce monde.
— **"Qui es-tu ?"** réussit-il à demander, sa voix brisée par la confusion et la peur.
La silhouette se pencha légèrement en avant, comme pour mieux l’observer. Ses yeux, noirs comme la nuit, brillaient d’une lumière étrange, une lumière qui semblait capable de percer les ténèbres de l’ame humaine.
— **"Je suis l’Origine. L’essence de tout ce qui existe. Et toi, Haruka, tu fais partie de ce grand cercle. Un cercle qui a commencé bien avant ta naissance, et qui ne s’arrêtera qu’après ta mort."**
Un frisson glacial parcourut l’échine de Haruka. L’Origine. Ce mot résonnait comme un écho de quelque chose de bien plus ancien, de plus vaste, qu’il n’aurait jamais pu imaginer.
— **"Le temps n’est qu’une illusion,"** continua l’Origine, sa voix profonde résonnant dans la pièce. **"Tout ce que tu as vu, tout ce que tu as vécu, n’a été qu’un fragment d’un cycle éternel. Le cristal que tu touches, c’est le catalyseur. Il a traversé les ages, porteur de l’essence de l’univers. Tu cherches à le détruire, mais ce que tu ignores, c’est que ce cristal est la clé. Sans lui, tout dispara?trait."**
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Haruka ne comprenait plus. Tout ce qu’il croyait savoir, tout ce qu’il avait cru vrai, semblait désormais n’être que des mensonges. Ka?ron n’était pas l’origine de tout cela. L’Origine, cette entité mystérieuse, était bien plus ancienne que tout ce qu’il avait pu imaginer. Elle était l’essence même de la réalité.
— **"Ce que Ka?ron a créé,"** poursuivit l’Origine, **"ce n’était pas une tentative de domination. C’était une tentative de compréhension. Comprendre le grand cycle. Mais il a échoué, tout comme toi tu échoueras. Ce que tu vois dans ce cristal, ce n’est pas une fin, Haruka. C’est un retour. Un retour au point de départ."**
Le cristal éclata soudainement, libérant une vague d’énergie qui emporta Haruka et l’Origine dans un tourbillon de lumière et d’ombre. Le monde autour de lui se distordait à une vitesse vertigineuse. Des éclats de mémoire, des fragments d’événements passés et futurs, tout cela se mêlait dans un enchevêtrement chaotique.
Haruka se sentit submergé, perdu dans un océan de visions impossibles à comprendre. Il ferma les yeux, espérant échapper à cette tempête de lumière et de chaos. Mais à travers l’obscurité, une vérité émergea.
— **"Il est trop tard,"** dit une dernière voix, faible, presque un souffle. **"Il est trop tard pour tout."**
Lorsque Haruka ouvrit les yeux, il se retrouva de nouveau dans la salle, seul, le cristal désormais brisé en mille morceaux autour de lui. Une seule chose restait intacte : la brèche. Une fissure béante dans le temps, qui continuait de se propager, engloutissant tout sur son passage.
Le vent hurlait dans les hauteurs, faisant trembler les cimes noires des montagnes, comme si le monde lui-même savait que l’instant était venu. Autour de la Brèche, la réalité se tordait, les cieux se fracturaient en éclats mouvants, et le sol vibrait comme une bête blessée. Haruka se tenait au bord de ce gouffre intemporel, ses vêtements déchirés, son regard rivé à la fissure cosmique qui s’élargissait inexorablement.
Derrière lui, Mizuki luttait pour maintenir les boucliers magiques, ses bras tremblants, sa voix entremêlée de prières anciennes. Akira, l’épaule ensanglantée, soutenait l’un des derniers survivants de la résistance. Tout était chaos, mais un fil invisible les liait encore. Un espoir fragile. Une dernière chance.
Haruka tenait dans sa main le fragment du cristal brisé. Un éclat de l’Origine. Ce n’était ni une arme, ni une clé. C’était un choix. Une graine capable de régénérer la réalité ou de la plonger dans l’oubli. Il l’avait compris en traversant la Brèche, en affrontant l’écho du temps, en regardant au-delà de Ka?ron… au-delà de lui-même.
—?Tu es arrivé au bout, murmura une voix dans son esprit.
Ce n’était pas Ka?ron. Ni l’Origine. C’était… lui. Haruka. Ou une version plus ancienne, plus pure de ce qu’il avait été. Le fragment de conscience d’un temps où tout était encore possible.
—?Tu peux choisir, poursuivit la voix. Recommencer. Rebatir. Ou… effacer.
Haruka recula d’un pas. Le choix le terrifiait plus que n’importe quel affrontement. Car ce n’était pas seulement une décision pour lui. C’était pour tous les mondes, pour chaque vie, chaque mémoire. Pour ceux qui avaient péri, pour ceux qui vivaient encore, et même pour ceux qui ne na?traient peut-être jamais.
Ka?ron, ou ce qu’il en restait, surgit dans un éclair de distorsion. Sa forme était réduite à une silhouette floue, son pouvoir ravagé par la collision avec la Brèche. Il ne parlait plus avec arrogance. Il ne riait plus. Il n’était plus un dieu. Juste un homme. Brisé, torturé, et… fatigué.
—?Tu ne comprends pas… souffla-t-il. Le cycle… il ne peut être rompu. Même moi, je n’ai pas pu.
Haruka s’avan?a. Son aura brillait d’un éclat nouveau. Il ne portait plus l’arrogance des élus. Il ne cherchait plus la vengeance. Il cherchait la fin. Une vraie.
—?Non, répondit-il. Tu n’as pas voulu le rompre. Tu as eu peur de ce qu’il y avait après.
Il tendit le fragment au-dessus de la Brèche. Le vent se figea. Même le temps sembla retenir son souffle. Mizuki cria derrière lui?:
—?Haruka, attends?! Si tu le fais… on ne sait pas ce qui…
Mais elle s’arrêta. Elle comprit. Elle vit dans ses yeux la résolution tranquille de quelqu’un qui avait vu au-delà des illusions, des pouvoirs, des mensonges. Quelqu’un qui avait enfin compris que la véritable force, c’était de lacher prise.
Ka?ron tomba à genoux. Des larmes, humaines, glissèrent le long de ses joues ravagées.
—?Tu ne peux pas… recommencer… sans… moi…
Haruka ferma les yeux.
—?Je ne recommence pas. Je libère.
Et il laissa tomber le fragment dans la Brèche.
La lumière s’étendit en silence. Pas de détonation. Pas d’explosion. Juste une vague douce, comme un souffle apaisant, qui s’étira dans toutes les directions. Les fissures du ciel se refermèrent. La terre retrouva sa stabilité. Les ombres se dissipèrent. Et Ka?ron… s’effa?a.
Mizuki tomba à genoux, les larmes aux yeux. Akira serra les poings, incapable de croire que c’était… terminé.
Mais Haruka n’était plus là.
*
Il ouvrit les yeux dans un champ d’herbe haute, bercé par le vent. Un ciel pur s’étendait au-dessus de lui. Aucun bruit de guerre. Aucun cri. Juste la vie. Il se leva, lentement, et observa ses mains.
Il n’était pas seul. Des silhouettes apparaissaient au loin. Des enfants. Des voyageurs. Des mages. Des amis. Ils n’avaient pas de souvenir de ce qui avait été. Mais ils étaient là. Vivants. Libres.
Mizuki l’attendait sous un arbre, souriante. Akira discutait avec un vieil homme aux yeux brillants. Un monde nouveau. Sans Ka?ron. Sans le Système. Sans le poids des lignées oubliées.
Haruka s’assit dans l’herbe, ferma les yeux et respira profondément.
Il avait brisé le cycle.
Il avait choisi la fin.
Et cette fin… était un commencement.