Le vent soufflait fort, comme une bête enragée, faisant claquer les feuilles mortes autour de lui. Haruka ouvrit les yeux, mais tout était flou. Un voile d’obscurité semblait peser sur son esprit, et sa tête bourdonnait comme si un orage l’avait frappé de plein fouet. Il tenta de bouger, mais une douleur sourde envahit ses bras et ses jambes.
Où suis-je ? pensa-t-il, le souffle court.
Il se redressa lentement, son corps engourdi protestant contre l’effort. Ses mains tremblaient, et il avait l'impression que ses membres étaient aussi légers que l'air. Autour de lui, la scène était surréaliste. Une vaste plaine déserte s’étendait à perte de vue, une terre battue où les herbes étaient fanées et les arbres brisés, leurs branches tordues par des vents puissants. Le ciel au-dessus était d’un gris mena?ant, chargé de nuages lourds et tourbillonnants. Un orage semblait se préparer, mais il n'y avait aucune pluie. Juste cette tension qui pesait sur tout, comme si la nature elle-même retenait son souffle.
Il se leva, son esprit encore flou, et ses pieds s’enfoncèrent légèrement dans le sol meuble. La sensation était étrange, comme si le monde autour de lui était fait de rêve et non de réalité. Mais il ne pouvait pas se permettre de s'attarder sur cette sensation. Une pression familière s'empara de lui : le danger. Il n'était pas seul ici.
Qu'est-ce qui se passe ? Il avait du mal à se rappeler ce qui s'était passé avant. Les derniers souvenirs qui lui venaient à l'esprit étaient flous : une douleur intense, une lumière aveuglante, puis un vide. Et puis... le néant.
Un bruit. Un craquement à sa droite.
Instinctivement, il se tourna. Des formes mouvantes émergeaient des ombres, se dessinant vaguement. Il n’eut même pas le temps de réagir que des silhouettes fon?aient déjà vers lui, leurs pas résonnant sur le sol dur. Des adolescents. Peut-être une vingtaine, armés de tout ce qu'ils avaient pu trouver. Des battes de métal, des couteaux, et même quelques armes plus primitives.
Haruka recula d’un pas. Son c?ur battait plus vite, et un frisson parcourut son échine. Il devait fuir. Mais il n’avait aucune idée de la situation. Pourquoi ces gens étaient-ils là ? Pourquoi lui ?
Les silhouettes se rapprochaient à une vitesse inquiétante, leurs visages tendus de colère et de terreur. Ils étaient tous aussi perdus que lui, mais dans un tel endroit, la survie semblait être la seule règle.
Il s’apprêtait à tourner les talons, mais soudain, un cri per?a l’air.
— L'élu !
Haruka sursauta. Qui avait prononcé ces mots ? Il chercha des yeux, mais les silhouettes étaient trop proches, déjà prêtes à l’encercler. Il n’eut que le temps de comprendre qu’ils n’étaient pas ici pour discuter.
Un d’entre eux, un jeune homme aux cheveux noirs en bataille, s’avan?a d’un pas, une expression de détermination sur le visage. Haruka sentit une pression étrange dans l’air. Il n’avait pas le temps de réfléchir. L’adrénaline monta en lui, et il sentit une fureur sourde commencer à se réveiller.
Son corps réagit avant même qu’il ne puisse donner un ordre. Ses mains, instinctivement, se levèrent vers le ciel assombri.
Que fais-tu ? se demanda-t-il. Il n’avait jamais appris à se battre. Et encore moins à utiliser un pouvoir. Mais quelque chose en lui, au fond de son être, lui disait que c’était la seule chance de s’en sortir.
Un éclair. Le ciel gronda, comme pour répondre à son appel.
Un flash lumineux traversa le ciel, fendant les nuages sombres. Les adolescents autour de lui s’arrêtèrent tous net, ébahis. Mais le temps que l’un d’eux se lance à l’attaque, une décharge fulgurante jaillit de ses mains, frappant le sol à ses pieds. Il tomba à genoux, électrocuté par l’énergie brute.
Un instant de silence. Puis, tout à coup, une voix brisée, d'un jeune homme à l'extrémité du groupe, murmura :
— C’est... c’est l'élu.
Haruka n'eut pas le temps de comprendre. Il n’avait aucune idée de ce qui venait de se passer, mais les jeunes semblaient plus surpris qu’effrayés.
Une chaleur l’envahit, et une nouvelle impulsion se forma dans ses mains. Un éclair crépitait autour de lui, prêt à fendre l'air à tout instant.
Haruka fit un pas en arrière, les yeux écarquillés par ce qu’il venait de réaliser. Il avait contr?lé la foudre.
— Qu’est-ce que vous me voulez ? lan?a-t-il, d’une voix presque étrangère à ses propres oreilles.
Le groupe se redressa, éberlué, mais un autre cri se fit entendre, plus fort cette fois :
— Ne le laissez pas s’échapper ! Il est l’élu du Vent !
Le vent se leva soudainement, une bourrasque qui enserra Haruka dans son étreinte, le tirant en avant. Ses yeux se plissèrent alors qu’il se retrouva plongé dans un tourbillon de lumière et de bruit.
Le sol était froid. Rugueux. Inconnu.
Haruka se redressa lentement, les muscles raides, la tête bourdonnante. Autour de lui, le silence régnait, seulement troublé par les crépitements lointains de l’électricité encore dans l’air. Le ciel était noir, zébré d’éclairs distants. Aucun signe de vie. Juste un sol sec, craquelé, et quelques rochers dressés comme des tombes.
Il porta la main à sa poitrine. Son c?ur battait à tout rompre, comme s’il cherchait à s’échapper. Il se souvenait... d’un groupe, de visages tendus, de la foudre jaillissant de ses mains. Ce pouvoir.
Et puis, cette phrase : “C’est l’élu.”
Soudain, un son résonna dans sa tête. Mécanique. Glacial.
?? [SYSTèME D’éVALUATION ACTIVé]
Nom : AMEMIYA HARUKA
Statut : En vie
Pouvoir éveillé : C?ur de l’Orage [雷神の心]
Ma?trise : 3 %
Niveau actuel : 1
Objectif hebdomadaire : Atteindre le niveau 5
Temps restant : 6 jours, 21 heures, 43 minutes
Conséquence en cas d’échec : éLIMINATION
Ses yeux s’écarquillèrent.
— …Quoi ?
Un écran translucide flottait devant lui, suspendu dans l’air comme un hologramme. Il pouvait le voir, mais il n’était pas projeté depuis un appareil. Il était dans sa tête.
Haruka recula, instinctivement. L’écran le suivit. Il passa la main à travers — rien. Juste une image, une interface. Une illusion tangible.
?? [Objectif de survie – Semaine 1]
Survivez en atteignant le niveau 5 minimum avant la fin du compte à rebours.
échec = Mort. Votre essence sera absorbée par les survivants les plus proches.
Le combat, la chasse, l'exploration et l'entra?nement améliorent votre niveau.
Le système vous attribuera automatiquement vos gains d'expérience.
Haruka sentit une pression lui broyer la poitrine. C’était... un jeu ? Un test ? Une torture ? Son regard dériva vers ses mains. Elles tremblaient légèrement, parcourues de légers arcs électriques, comme un souvenir de ce qui s’était produit un peu plus t?t.
Il ferma les yeux.
Ils nous ont enlevés. Tous. 100 000. Et maintenant, ils nous forcent à nous battre. à évoluer ou mourir. Pas de choix. Pas de retour possible.
Il ouvrit à nouveau les yeux. L’interface clignota doucement, comme pour insister :
Niveau actuel : 1
Objectif : 5
Temps : [6 jours…]
Un frisson parcourut son dos.
— S’ils échouent… Ils meurent. Et leur pouvoir est absorbé par d’autres. Par les plus forts.
Il se leva. Les jambes encore fragiles, mais son regard déjà différent. Plus froid. Plus dur.
Un bruit de pas derrière lui. Il se retourna.
Un gar?on, seul. Plus jeune que lui, peut-être 14 ou 15 ans. Il avait un visage fatigué, les joues creusées, un bras blessé enveloppé dans un tissu grossier. Il fixait Haruka avec méfiance... et admiration.
— C’était toi... l’éclair ? Celui de tout à l’heure ?
Haruka hésita, puis hocha lentement la tête. Le gar?on s’approcha.
— Je m’appelle Keiji. Je suis seul depuis trois jours. Mon groupe... ils ont été éliminés.
Il désigna son poignet gauche. Une lumière y clignotait faiblement, un compteur rouge.
— Il me reste 2 jours. Je suis niveau 3. Je... je vais mourir.
Haruka ne répondit pas immédiatement. Il regarda le gar?on, puis son propre compteur. 6 jours. Niveau 1. S’il ne faisait rien, ce monde allait les dévorer.
— Tu sais comment on monte de niveau ? demanda-t-il calmement.
Keiji hocha la tête, la voix tremblante.
— Il y a des créatures... partout. Certaines plus faibles, d'autres... monstrueuses. En les tuant, on gagne de l’expérience. Mais c’est dangereux. On peut mourir à tout moment. Et puis il y a aussi les autres élus. Certains... tuent pour gagner plus vite.
Haruka serra les poings.
Ka?ron n’avait pas créé un monde. Il avait forgé une arène. Et dans cette arène, seule la force brute semblait compter.
— Viens avec moi, dit-il soudain.
Keiji releva la tête, surpris.
— Tu... tu veux m’aider ?
— Non, répondit Haruka en le regardant droit dans les yeux.
— Je veux survivre. Et pour ?a, je vais avoir besoin d’informations. Si tu m’aides à comprendre ce monde, je t’aiderai à gagner les deux niveaux qu’il te manque.
Keiji le fixa un instant. Puis il sourit. Un sourire amer, mais sincère.
— Marché conclu.
Haruka se tourna vers l’horizon. Au loin, un éclair zébra le ciel. La pluie mena?ait, mais ne tombait pas encore.
Le compte à rebours avait commencé.
Le vent avait changé.
Il était plus sec, chargé d’une odeur métallique et lourde. Haruka le sentit immédiatement. Il n’était pas question de climat, mais d’instinct : ce souffle-là annon?ait un prédateur.
— Il approche, dit-il, la voix posée mais les sens en alerte.
Keiji hocha la tête, agrippant son arme de fortune — une barre de fer légèrement tordue qu’il avait récupérée près d’un ancien batiment en ruine. Depuis leur alliance, ils n’avaient croisé que le vide, des paysages dévastés, et une ou deux silhouettes furtives. Mais cette fois… c’était différent.
— Qu’est-ce que c’est ? murmura Keiji.
Haruka s’accroupit et toucha le sol. Il était chaud, parcouru de vibrations à peine perceptibles.
— Une créature. De taille moyenne, rapide… et proche.
Il se redressa, et sans attendre, leva sa main vers le ciel.
Le ciel était couvert, mena?ant. Un faible grondement retentit au loin, comme un écho de ce qu’il appelait sans le savoir. Son pouvoir. La foudre répondait à sa volonté, mais avec une lenteur aga?ante, comme une bête réticente à obéir.
Un bruit de feuillage. Des branches cassées. Quelque chose avan?ait à travers la végétation desséchée.
Puis, elle surgit.
Une sorte de félin, deux fois plus gros qu’un tigre normal, au pelage noir strié de lignes rouges incandescentes. Ses yeux n’étaient que des fentes brillantes, et des griffes comme des lames sortaient de ses pattes massives. Elle bondit, sans prévenir.
— à gauche ! cria Keiji.
Haruka roula sur le c?té, évitant de justesse l’assaut. Le félin heurta le sol dans une gerbe de poussière, se redressant aussit?t. Il était vif. Trop pour Keiji. Mais pas trop pour la foudre.
Haruka se concentra. Il tendit la main vers la créature. Ses doigts picotaient déjà, parcourus d’éclairs bleus pales.
— Viens, murmura-t-il.
L’animal bondit à nouveau.
Un claquement de tonnerre.
Un éclair jaillit de ses mains et frappa la créature en plein flanc. Elle poussa un cri rauque et fit un vol plané de plusieurs mètres, percutant un tronc mort. Elle s’écroula dans un nuage de poussière et de cendre.
?? [SYSTèME : CIBLE NEUTRALISéE – EXP GAGNéE : +1 200]
?? [NIVEAU AUGMENTé – Haruka est désormais niveau 2]
Haruka recula de deux pas, les bras tremblants. La décharge avait été puissante. Trop. Il sentait une br?lure à l’intérieur de son propre bras, comme si l’énergie refusait encore de s’écouler proprement.
Keiji accourut vers lui, ébahi.
— Tu… tu l’as eu ? En un seul tir ?
— Pas mort, répondit Haruka. Juste assommé. On doit l’achever pour que l’expérience soit complète.
Keiji palit.
— C’est toi qui as ce pouvoir… c’est toi qui dois finir.
Haruka hésita.
La créature gémit faiblement. Son pelage fumait encore. Elle tentait de se relever, griffant le sol avec une lenteur désespérée.
Il s’approcha. Il pouvait le faire à nouveau. Lancer un autre éclair. Ce serait rapide. Efficace.
Mais à cet instant, il se rendit compte de quelque chose : il allait tuer un être vivant. Pour la première fois.
Son c?ur se serra. Pourtant, il savait que s’il n’atteignait pas le niveau 5 d’ici la fin de la semaine, ce serait lui qui mourrait. Et ses pouvoirs — sa vie — seraient donnés à un autre.
Il tendit la main. Une lumière bleutée s’accumula dans sa paume.
L’éclair frappa, net, dans la tête de la bête.
Elle cessa de bouger.
Silence.
?? [EXP GAGNéE : +800]
?? [NIVEAU AUGMENTé – Haruka est désormais niveau 3]
?? [Nouveau talent passif : Résistance électrique I]
Il baissa lentement la main. Ses bras tremblaient. Pas de fatigue. Pas de douleur. Juste une impression étrange, vide, comme s’il venait de perdre quelque chose.
Keiji ne dit rien. Il regardait la carcasse fumante, la gorge nouée.
— Tu crois… que ?a devient plus facile ?
Haruka répondit sans le regarder.
— Non. Mais on s’habitue.
Il s’éloigna de la dépouille. Le ciel se dégageait légèrement, laissant filtrer une lumière rougeatre. Une fausse aube. Ou peut-être un faux crépuscule. Dans ce monde, même le soleil semblait trahi.
Keiji consulta son propre panneau.
— Niveau 4… encore un. J’y suis presque.
— Parfait, répondit Haruka. Reste concentré. On ne peut pas se permettre de faiblir maintenant.
Il regarda son propre écran. Le compte à rebours défilait lentement.
Temps restant : 6 jours, 4 heures
Objectif : Niveau 5
Statut : En progression…
Il ferma les yeux un instant. Sa main serra légèrement l’écharpe autour de son cou, qui ondulait doucement, animée par une brise légère que personne d’autre ne semblait sentir.
— Ce n’est que le premier sang, murmura-t-il.
Mais pas le dernier.
Le soleil ne se levait pas.
Pas vraiment. Il apparaissait comme une tache pale derrière un ciel cendreux, incapable de réchauffer, incapable d’éclairer vraiment. Ici, la lumière ressemblait à une erreur. Un phénomène instable, comme tout dans ce monde con?u par Ka?ron.
Haruka s’était éloigné du camp.
La carcasse fumante de la bête foudroyée gisait encore là, à une cinquantaine de mètres. Il la fixait depuis plusieurs minutes, sans cligner des yeux. Non par culpabilité, ni remords. Ce n’était plus ?a. C’était autre chose.
Le moment où il avait lancé l’éclair… il s’en souvenait comme d’un frisson de plaisir coupable. Le pouvoir. La précision. L’explosion de lumière.
Et le silence après.
Il aurait d? avoir peur. Ou honte.
Mais au fond de lui, quelque chose avait aimé ?a.
Un battement sourd résonna dans son crane. Son pouvoir n’était pas un simple outil. Il parlait. Il vivait. Il lui murmurait des choses qu’il ne comprenait pas encore. Ou qu’il refusait de comprendre.
— Tu comptes rester là longtemps ?
Keiji venait de le rejoindre, l’air fatigué. Il tra?nait les pieds, l’arme toujours à la main. Ses yeux rouges indiquaient qu’il n’avait pas dormi, lui non plus.
— Tu devrais te reposer, dit Haruka.
— Toi non plus, t’as pas dormi.
— Moi, j’en ai pas besoin autant que toi.
Keiji soupira.
— T’as vu ton écran ? Niveau 3… presque 4. T’es déjà à deux doigts de franchir le seuil.
Haruka hocha la tête.
[Statut actuel : Niveau 3 – EXP : 3 000 / 3 800]
Temps restant avant “élimination” : 5 jours, 22 heures
Objectif de survie : Niveau 5
Encore deux niveaux. Deux créatures. Deux risques de mort.
— T’as remarqué que les monstres deviennent plus forts à mesure qu’on monte ? continua Keiji. Y a des rumeurs. Certains disent que Ka?ron ajuste la difficulté. Pour que personne ne puisse juste “farmer” les faibles.
— C’est logique. Le système n’est pas là pour qu’on s’adapte. Il est là pour qu’on échoue.
Keiji s’accroupit près du cadavre.
— Tu crois qu’il regarde ?
— Ka?ron ?
— Ouais. Tu crois qu’il… nous observe ? Chacun d’entre nous ?
Haruka se contenta de répondre par un regard. Keiji comprit que oui.
Un bruissement dans les feuilles. Cette fois, ce n’était pas un monstre.
Trois adolescents surgirent du bosquet. Deux filles et un gar?on. Haruka se redressa immédiatement, les muscles tendus. Il n’aimait pas les rencontres. Trop de variables.
La première, une fille à la peau mate et aux cheveux rouges tressés, leva les mains en signe de paix.
— On vient pas pour se battre. On a juste besoin de parler.
Haruka resta silencieux.
— Je m’appelle Sana, dit-elle. Eux, c’est Luca et Misha. On est un petit groupe. On s’est fait attaquer cette nuit… on a perdu deux des n?tres. On cherche un endroit où se poser. Pas pour longtemps. Juste pour nous soigner.
Keiji fit un pas en avant, compatissant. Haruka, lui, restait immobile.
— Vous avez un élu dans votre groupe ? demanda-t-il.
Sana hocha la tête.
— Misha. Elle peut créer un champ de soin, mais ?a bouffe son énergie. On a besoin d’un endroit calme.
Misha, une fille frêle aux lunettes fissurées, fit un petit signe de tête. Elle avait l’air à bout de forces. Ses bras étaient couverts d’entailles fra?ches.
Haruka fit signe de la tête.
— Vous avez dix minutes. Pas plus.
Keiji le regarda, surpris, mais ne dit rien.
Les trois nouveaux s’installèrent à distance. Misha commen?a à incanter une sorte de murmure inaudible, et une légère lumière verte s’étendit autour d’elle.
Keiji, curieux, s’approcha de Haruka.
— Pourquoi tu les laisses faire ? T’as dit toi-même qu’on devait se méfier.
— Je me méfie. C’est pour ?a que je leur donne un temps limité. Je veux voir comment ils réagissent à la contrainte.
— Tu veux dire que tu les testes ?
— Ce monde nous teste tous. Autant rendre la pareille.
Au bout de quelques minutes, Sana revint vers lui.
— Merci de nous avoir laissé souffler. On va partir maintenant. Mais si un jour t’as besoin de nous… cherche la balise verte. On la place dans les zones s?res qu’on découvre. C’est notre signature.
Elle lui tendit une petite pierre plate, gravée d’un symbole : un ?il stylisé.
Haruka la prit sans un mot.
— Au fait, reprit Sana. Tu devrais faire attention à la zone au nord. On a entendu parler d’un groupe de joueurs qui se regroupent là-bas. Ils montent en niveau rapidement… trop rapidement. Et ils n’hésitent pas à éliminer les autres pour grimper plus vite.
Haruka leva un sourcil.
— Combien sont-ils ?
— Au moins quinze. Menés par un type appelé Ryosuke. Un élu, lui aussi. On dit qu’il absorbe les pouvoirs de ceux qu’il tue.
Keiji blêmit.
— Attends, quoi ? Il peut prendre les capacités des autres élus ?
— Seulement s’ils sont plus faibles que lui, apparemment. Ka?ron l’aurait “bénit”, ou un truc du genre. C’est un malade. Et il grimpe vite. Trop vite.
Haruka enregistra l’information dans son esprit. Une future menace. Ou un rival.
Sana tourna les talons, fit signe à ses camarades, et ils disparurent dans les bois aussi vite qu’ils étaient venus.
Unauthorized reproduction: this story has been taken without approval. Report sightings.
Le calme revint.
Keiji se rassit, pensif.
— T’en penses quoi ?
— Je pense que le monde vient de changer à nouveau. Avant, on courait pour survivre. Maintenant, on va devoir chasser pour rester en vie.
Il se tourna vers l’endroit où les trois s’étaient éloignés.
— Et surtout… on n’est plus seuls à pouvoir tuer intelligemment.
?? [Quête secondaire re?ue : “Survivre à la Meute du Nord”]
Difficulté estimée : ★★★★☆
Récompense : EXP + Capacité secondaire (aléatoire)
Temps restant avant l’évaluation hebdomadaire : 5 jours, 20 heures
Niveau actuel : 3
Objectif minimal : Niveau 5
Un ?il s’ouvrit dans le ciel.
Pas un vrai. Pas physique. Il n’était pas fait de chair ni de métal. Il n’était pas visible à l’?il nu… et pourtant, tous le sentirent.
Keiji s’effondra, les mains plaquées sur sa tête, les dents serrées de douleur.
Haruka, lui, resta figé. Son c?ur se mit à battre violemment dans sa poitrine, non pas à cause de peur… mais parce que quelque chose le regardait. Non, pas "quelque chose". Quelqu’un.
?? [? Mise à jour du système en cours…]
?? [Une entité supérieure a braqué son regard sur vous.]
?? [“Le Regard de Ka?ron” – Statut passif appliqué pendant 1 heure.]
?? [Effet : Toutes vos actions sont observées. Récompenses ajustées en conséquence.]
Le ciel, toujours terne et oppressant, semblait s’être figé. Même le vent, pourtant fidèle compagnon de Haruka, avait cessé de souffler.
Keiji haletait, à genoux.
— C’est quoi ?a… ? Qu’est-ce que c’était ?!
Haruka ouvrit son interface. Une nouvelle ic?ne y clignotait : un ?il stylisé, doré, avec une pupille en spirale.
— Il nous regarde, répondit-il à voix basse.
— Qui ?a ?
— Ka?ron. Le Créateur. Celui qui a mis tout ?a en place.
Keiji se figea.
— T’es sérieux ? Tu veux dire qu’il… qu’il regarde vraiment ce qu’on fait ? Comme un… jeu ?
Haruka hocha la tête.
— Je crois que ce n’est pas un simple jeu. C’est un test. Et il veut voir comment on réagit quand on sait qu’on est jugés.
Il serra les poings. Il sentait le pouvoir réagir sous sa peau, prêt à éclater à tout moment. La foudre, à l’état dormant, bouillonnait d’excitation. Elle voulait montrer de quoi elle était capable.
Et Ka?ron aussi voulait le voir.
?? [NOUVELLE QUêTE : “Sous les yeux du Dieu Dormant”]
Objectif : Terminer un affrontement important durant la période d’observation.
Récompense : +1 niveau instantané / +1 compétence rare aléatoire.
Temps restant : 59:42
Haruka relut l’écran.
Une opportunité unique venait de tomber. Et comme toutes les opportunités dans ce monde, elle venait avec du sang.
— Keiji. On va devoir attirer quelque chose. De gros.
— Quoi ? Mais on vient à peine de se débarrasser de la dernière créature ! Et toi-même t’es pas encore au niveau cinq !
— Justement. Si on tue un monstre puissant maintenant, je peux peut-être passer niveau 5 direct.
Keiji hésita.
— Et si c’est trop fort pour nous ?
Haruka fixa l’horizon.
— Alors Ka?ron verra comment je meurs.
Keiji serra les dents, puis hocha lentement la tête.
— T’as un plan ?
Haruka s’agenouilla et sortit un morceau de métal noirci de sa poche : un fragment de noyau — vestige de la bête qu’il avait tuée deux jours plus t?t.
— Ces fragments attirent les charognards. Et parfois… des alphas.
Il planta le fragment dans une souche morte, bien en vue dans une clairière, puis ils se cachèrent dans les ruines d’un ancien mirador.
Le piège était tendu.
Le grondement arriva vingt minutes plus tard.
Mais ce n’était pas le même bruit qu’un félin ou une créature rapide. Ce son-là était plus profond, plus sourd. Comme une pierre qui marche. Une montagne vivante.
Puis ils le virent.
Un golem.
Pas fait de terre, non. De métal fondu et de roche br?lée, ses yeux étaient deux sphères rouges, et des lignes de lave parcouraient son torse. Il mesurait au moins cinq mètres. Chaque pas faisait vibrer le sol. Il n’était pas rapide, mais il n’avait pas besoin de l’être.
Keiji blêmit.
— On ne peut pas… Haruka, on va mourir.
Haruka ne répondit pas. Il était déjà debout, la main levée. L’électricité crépitait autour de lui comme des serpents lumineux.
?? [Analyse en cours…]
Nom : Golem Instable – Classe B
Niveau estimé : 7
Faiblesse : surcharge élémentaire
Résistance : physique + feu
Butin : noyau élémentaire – valeur élevée
Le golem avan?a, ignorant complètement la planque des deux adolescents. Il s’approcha du fragment, puis s’arrêta.
Haruka serra les dents.
— Maintenant.
Il bondit du mirador.
En plein vol, il canalisa tout ce qu’il avait. L’électricité explosa dans ses bras, l’enveloppant entièrement. Une lance de foudre se forma dans sa main droite.
— RAIKEN – Forme 1 ! hurla-t-il.
La lance fila droit vers la tête du golem.
Impact.
Une explosion aveuglante éclata. Keiji se protégea les yeux. Le sol trembla violemment. Des éclats de roche fondue volèrent dans toutes les directions.
Mais quand la poussière retomba…
Le golem était toujours debout.
Sa tête était fissurée, mais il n’était pas tombé.
Et il était furieux.
Il frappa le sol. Une onde de choc projeta Haruka en arrière. Il roula sur plusieurs mètres, le souffle coupé, le dos en feu.
— H-Haruka !
— Reste là ! cria-t-il, haletant.
Il se releva. Ses jambes tremblaient. Son interface clignotait.
[Santé : 42 %]
[Surcharge électrique : 87 % – Risque d’évanouissement]
Mais il n’allait pas reculer.
Il avait un dieu à impressionner.
— Deuxième forme.
Il leva les bras au ciel. Une aura bleue explosa autour de lui. L’air se mit à crépiter. Des arcs électriques jaillirent de ses doigts, de ses pieds, de son dos. Il ressemblait à une tempête en personne.
— RAIKEN – Frappe ascendante.
Il fon?a. La foudre propulsa son corps vers l’avant, brisant le son. Un impact. Direct dans le torse du golem. Une explosion éclata depuis l’intérieur. Des morceaux de roche furent projetés dans les arbres.
Le golem tituba. Puis s’effondra dans un bruit sourd.
Silence.
?? [CIBLE éLIMINéE – GOLEM INSTABLE – EXP +2 300]
?? [NIVEAU AUGMENTé : Niveau 4 → Niveau 5]
?? [TALENT DéBLOQUé : Résistance élémentaire I]
?? [QUêTE “Sous les yeux du Dieu Dormant” – RéUSSITE]
?? [RECOMPENSE : Talent spécial obtenu : “Frappe éclair – rang C”]
Haruka tomba à genoux.
Il haletait. Des gouttes de sang tombaient de son nez. Ses bras étaient noirs de br?lures internes. Mais il souriait.
— Je t’ai vu, Ka?ron, murmura-t-il.
Et toi, t’as vu ce que je vaux.
Keiji fixait Haruka comme s’il découvrait un dieu.
Son ami, encore à genoux, les bras fumants, respirait difficilement. Des lignes électriques couraient toujours le long de sa peau, comme si le pouvoir refusait de le quitter.
— Tu l’as… détruit.
Haruka se releva lentement, vacillant. Son corps hurlait. Chaque muscle était raide, tendu à l’extrême. Mais dans sa poitrine, quelque chose de nouveau br?lait.
Ce n’était pas de la fierté. Ni de l’orgueil. C’était de la clarté.
Il venait de comprendre ce qu’il était devenu.
?? [Statut actuel – Haruka Amemiya]
Niveau : 5
Capacité principale : Manipulation de la foudre – “Raiken”
Capacité secondaire : Frappe éclair – rang C
Talent passif : Résistance élémentaire I
état physique : Affaibli – 31 % d’énergie
Keiji s’approcha.
— Tu vas… survivre ?
Haruka hocha la tête.
— Oui. Mais il me faut du temps. Et toi, tu dois monter en niveau. Tu ne pourras pas rester en arrière.
— Facile à dire… Je suis niveau 1, moi ! Mon arme, c’est une foutue barre de fer !
Haruka lui lan?a un regard froid.
— Alors trouve quelque chose à tuer. Ou quelqu’un. Le monde ne nous donnera pas le luxe de la paix.
Avant que Keiji ne réponde, un bruit de pas rapide coupa court à leur échange.
Cinq silhouettes sortirent lentement de la forêt. Des adolescents. Armés. Armures de cuir, capes rapiécées, l’un d’eux portait même un fusil rudimentaire.
Au centre du groupe, un gar?on aux cheveux blancs. Calme. Silencieux.
Mais tout chez lui hurlait autorité.
— Impressionnant, dit-il. T’as tué un golem de classe B seul.
Haruka se redressa, instinctivement prêt à se battre.
— Et toi, t’es qui ?
— Ryosuke.
Un simple mot. Et pourtant, le nom était déjà connu.
Keiji blêmit.
— Le gars du Nord… Celui qui tue les autres pour monter en niveau…
Ryosuke sourit.
— Des rumeurs. Il faut bien que les faibles justifient leurs échecs.
Il fit un pas vers Haruka.
— Tu es intéressant. Tu ne crains pas d’utiliser ton pouvoir, même au risque de t’auto-détruire. Et tu es déjà niveau 5. à ce rythme, tu pourrais… survivre.
Haruka ne répondit rien.
— Je t’observe depuis deux jours, continua Ryosuke. Ka?ron t’a à l’?il, c’est évident. Mais lui, il regarde pour s’amuser. Moi, je regarde pour choisir.
— Choisir quoi ?
— Mon prochain allié.
Les gardes autour de lui se tendirent. Certains portaient des marques rituelles sur le visage, d’autres affichaient des expressions de fanatiques.
Haruka regarda les yeux de Ryosuke.
Et ce qu’il y vit le gla?a.
Il n’y avait rien. Pas de peur. Pas de colère. Pas même de haine. Seulement une forme de… logique absolue.
— Tu veux qu’on se joigne à ton groupe ? lan?a Haruka, méfiant.
— Non, répondit Ryosuke. Je veux que toi, tu entres dans mon cercle. L’élite. Tu n’es pas comme eux. Tu as tué. Tu as survécu. Et surtout… tu commences à comprendre que ce monde ne récompense pas la morale.
Keiji s’interposa.
— Il n’ira nulle part avec vous, tarés !
Ryosuke ne le regarda même pas.
— Celui-là mourra bient?t. Il est faible. Tu le sais, Haruka. Il va te ralentir.
Haruka sentit l’électricité crépiter au bout de ses doigts.
— Tu veux savoir ce que je pense ? demanda-t-il.
Ryosuke sourit.
— Dis-moi.
— Je pense que tu es dangereux. Et que tu finiras seul. Parce que même les monstres, ici, ont des limites. Toi, non.
Le sourire disparut.
— C’est ta réponse ?
— Définitive.
Ryosuke fit un geste. Son groupe dégaina en un éclair. Haruka se tendit… mais Ryosuke leva la main.
— Non. Pas maintenant. Pas aujourd’hui.
Il s’approcha. Lentement. Haruka ne bougea pas.
— Tu as décliné mon offre. C’est ton droit. Mais n’oublie jamais ceci : je ne t’ai pas tué quand j’en avais l’occasion. Et la prochaine fois que nous nous verrons… tu te souviendras de ?a.
Il glissa quelque chose dans la main de Haruka.
Un petit médaillon. Un ?il stylisé, rouge sang, entouré d’éclairs gravés.
— Garde-le. Le jour où tu voudras changer d’avis, il suffira de le briser.
Puis, il tourna les talons et s’éloigna. Ses suivants le suivirent en silence, comme des loups autour de leur alpha.
Keiji souffla bruyamment, mains tremblantes.
— Bordel… j’ai cru qu’il allait nous tuer. T’aurais d? accepter, juste pour survivre…
Haruka regarda le médaillon dans sa main.
Puis il le serra.
Et l’écrasa.
?? [Objet unique détruit : “Médaillon du pacte”]
?? [? Vous avez scellé votre alignement : Non affilié]
?? [Attention : Vous êtes maintenant marqué comme cible prioritaire par “Cercle de Ryosuke”]
?? [Bonus débloqué : +2 % de gain d’EXP contre joueurs hostiles]
Keiji ouvrit de grands yeux.
— T’es malade !
— Non, murmura Haruka. Je viens juste de me choisir un ennemi.
Un vrai.
Il se retourna vers la forêt.
Le monde était plus grand qu’ils ne le croyaient. Plus cruel. Plus organisé.
Et désormais, il ne s’agissait plus de survivre.
Il s’agissait de vaincre.
?? [NOUVEL OBJECTIF DéBLOQUé : “La guerre des élus” – Semaine 1]
Objectif : Survivre à une embuscade / éliminer au moins un joueur du Cercle de Ryosuke
Récompense : Capacité de rang B – aléatoire
Temps restant : 4 jours, 18 heures
Le vent soufflait fort sur les ruines de la ville, emportant des morceaux de pierres et de poussière dans l’air. La chaleur étouffante de l’après-midi s’infiltrait sous la peau de Haruka, mais il n’avait pas le temps de se concentrer sur ce détail. Ses pensées étaient ailleurs.
Il observait les alentours. à chaque recoin, il sentait la présence des autres : des élus qui, comme lui, cherchaient à survivre dans ce monde impitoyable. Mais ce monde n’était pas juste un terrain de jeu pour les puissants. C’était un champ de bataille, et Haruka en prenait pleinement conscience.
?? [Mise à jour du système…]
?? [Premier affrontement entre les groupes de joueurs : “Les Cinq Groupes”]
?? [Votre groupe est dans la zone d’affrontement imminente. Préparez-vous.]
?? [Avertissement : Pas d’issue de secours.]
Le message clignotait sur son interface, chaque mot gravé dans son esprit. Pas d’issue de secours. Le système de Ka?ron ne donnait aucune chance aux faibles, aucune chance aux hésitants.
Keiji marchait à ses c?tés, un peu plus en retrait, son visage marqué par la peur et la fatigue. Il n’avait pas encore réussi à se remettre de la rencontre avec Ryosuke et son groupe. Mais Haruka savait que le plus dangereux n’était pas l’attaque immédiate. C’était le temps qui passait. Le temps qui faisait na?tre la trahison.
— On devrait se préparer, murmura Keiji. ?a sent mauvais ici.
Haruka acquies?a, mais ses pensées étaient ailleurs. La pression sur ses épaules était immense. Le cercle de Ryosuke l’avait marqué. Son nom était désormais inscrit dans les cibles à éliminer. Et s’il ne faisait rien… il finirait par être traqué.
Mais il y avait une chose que Haruka savait. Il n’avait pas peur de mourir. Ce qui l’effrayait, c’était la faiblesse. C’était de laisser d’autres contr?ler son destin. Il ne le permettrait pas.
Le groupe se dirigea vers un petit campement abandonné, une sorte de fortification rudimentaire, au pied d’une colline escarpée. Il n’y avait pas de survivants en vue, mais Haruka n’était pas na?f. Chaque batiment, chaque ruine, pouvait cacher une menace. Le groupe était vulnérable ici.
Alors qu’ils s’approchaient du camp, un bruit de pas se fit entendre dans l’ombre.
Keiji se figea, mais Haruka, sans sourciller, se tourna vers la source du bruit. Il savait que les autres se cachaient, attendaient. Des alliés ? Des ennemis ? Tout était flou. Le monde était saturé de trahisons.
Il leva une main pour signaler à Keiji de rester silencieux, et se prépara à se défendre. Ses bras étaient toujours lourds des séquelles du combat précédent, mais il ne pouvait pas se permettre de montrer de faiblesse.
Puis la silhouette apparut. Une silhouette familière.
— Yuki ?
Haruka se détendit, mais pas complètement. C’était bien Yuki Tanaka, un des premiers jeunes qu’il avait rencontrés dans ce monde. Mais il n’était plus l’adolescent timide qu’il avait connu. Son regard était plus froid, plus déterminé. Un regard qui trahissait qu’il avait fait des choix difficiles.
— Je vois que tu es toujours en vie, Haruka, dit Yuki d’un ton calme.
— Tu… Tu fais partie de ce groupe ? demanda Keiji, un peu perdu.
Yuki hocha la tête, mais son expression resta impassible. Il leva une main pour signaler qu’il n’était pas là pour attaquer.
— Non. Je ne fais plus partie de ce groupe. Je suis ici pour vous avertir.
Keiji fron?a les sourcils.
— Avertir de quoi ?
Yuki fixa Haruka droit dans les yeux.
— Vous êtes dans leur territoire. Ils vont vous traquer.
Haruka sentit une tension s’intensifier dans l’air autour d’eux. "Ils". Ce mot était lourd de sens.
— Qui sont “ils” ? demanda Haruka, son ton plus dur que prévu.
— Les autres… Ceux qui se croient au-dessus de tout. Le Cercle de Ryosuke est l’un d’eux, mais il y en a d’autres. Des groupes qui ont fait un pacte avec Ka?ron pour obtenir des pouvoirs plus puissants. Ils ne vous laisseront pas tranquille. Vous serez tués à vue si vous vous aventurez plus loin dans cette zone.
Keiji secoua la tête, visiblement plus inquiet.
— Mais pourquoi tu nous dis ?a ? T’as pas l’air de vouloir nous aider.
Yuki regarda Haruka.
— Parce que je sais à quel point c’est difficile d’avancer seul. Parce que je vois en toi quelque chose que les autres ignorent. Mais sois prudent. Ils ont des espions partout.
Haruka serra les dents, détestant cette révélation. Chaque mot de Yuki résonnait comme un coup de marteau dans son esprit. La guerre des élus venait juste de commencer, et chaque allié pouvait devenir un ennemi en un instant.
— Tu n’es pas venu juste pour ?a, n’est-ce pas ? dit Haruka, le regard per?ant.
Yuki baissa les yeux, puis sembla hésiter un instant avant de parler.
— Il y a une rumeur. Celle qui dit qu’il existe un artefact caché dans cette zone. Un artefact qui pourrait rendre un élu immortel, du moins pour un temps. Mais… il est protégé par une force mystérieuse. Et ceux qui s’en approchent disparaissent.
Haruka soupira. Les artefacts étaient toujours des pièges dans ce monde. Tout ce qui pouvait conférer un pouvoir ultime attirait les convoitises, et souvent, des tra?trises.
— Et tu crois qu’on peut le trouver ? demanda Haruka, presque moqueur.
Yuki le fixa intensément.
— Si vous êtes assez forts. Si vous êtes prêts à risquer de tout perdre. Mais n’oubliez pas une chose : ceux qui cherchent ce genre de pouvoir finissent toujours par se perdre eux-mêmes.
Les mots de Yuki restèrent suspendus dans l’air. Les implications étaient claires. L’artefact pouvait être un cadeau… ou une condamnation.
Haruka savait que ce monde ne faisait pas de cadeau. Il n’avait pas d’autre choix que d’avancer. Mais il devait aussi être prudent. Il devait savoir quand se battre et quand… fuir.
— Merci pour l’avertissement, murmura Haruka.
Yuki hocha la tête, puis se tourna vers les arbres.
— N’oublie pas : les alliés d’hier peuvent devenir les ennemis d’aujourd’hui.
Et sans un mot de plus, il disparut dans la forêt.
Haruka resta là, les yeux fixés sur l’endroit où Yuki avait disparu. Une autre menace, une autre trahison qui r?de. Mais cette fois, il n’était plus le même.
Le monde devenait un terrain de chasse.
Et lui, il comptait bien être le chasseur.
La nuit était tombée. La lueur pale de la lune filtrait à travers les arbres dénudés, projetant des ombres mena?antes sur le sol dévasté. Le vent, plus fort qu’auparavant, hurlait comme une bête affamée, fouettant la peau de Haruka. Il serra les dents, retenant un frisson, mais son regard restait acéré, scrutant les alentours.
Keiji marchait à ses c?tés, plus nerveux que d’habitude. Il n’avait cessé de regarder par-dessus son épaule, comme si l’ombre de la menace de Ryosuke était toujours suspendue au-dessus de lui.
— Haruka… tu penses qu’ils vont vraiment nous attaquer ? demanda Keiji, sa voix tremblante.
Haruka ne répondit pas immédiatement. La question était légitime, mais sa réponse n’aurait pas apporté plus de clarté. La vérité était que personne ne pouvait être s?r de ce qui allait arriver dans ce monde.
— Nous devons être prêts à tout, dit-il finalement. Si Ryosuke veut notre peau, il viendra. Et si ce n’est pas lui, ce sera quelqu’un d’autre. Il n’y a pas d’endroit s?r ici.
Keiji hocha la tête, visiblement perturbé par cette dure réalité.
Ils s’étaient installés dans une petite clairière, bien à l’écart des sentiers battus. Le bruit de la forêt environnante était apaisant, mais Haruka savait qu’il ne pouvait pas se laisser tromper par cette tranquillité apparente. La guerre entre les élus était déjà bien avancée, et chaque groupe en compétition se préparait à se battre. Leurs ennemis n’étaient pas tous visibles. Certains se cachaient dans l’ombre, attendant le moment idéal pour frapper.
Haruka sortit son médaille brisé, le médaillon du Cercle de Ryosuke. Il n’avait pas pris de décision hative en le détruisant, il le savait. Mais chaque décision, aussi petite soit-elle, avait un prix. Le prix de la survie, celui de l’honneur.
?? [Alerte !]
[Présence hostile détectée à proximité.]
[Type d’ennemi : élu – Cercle de Ryosuke]
[Distance : 50 mètres]
[Activé : Mode Traque]
Haruka sentit un frisson glacial parcourir son échine.
— On n’est pas seuls, dit-il à voix basse.
Keiji se figea, les yeux écarquillés de peur.
— Quoi ? Mais… comment tu sais ?a ?!
Haruka leva la main, faisant signe à Keiji de se taire. Les signes étaient évidents. Il n’avait pas besoin de son système pour savoir que quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas la première fois qu’il ressentait cette présence. Cette sensation de regard lourd qui scrutait chaque mouvement.
Un bruit sourd se fit entendre derrière eux, suivi d’un éclat métallique. Une silhouette émergea lentement de l’ombre, un homme grand, habillé d’une tunique en cuir noir, le visage dissimulé par un masque en métal. Il portait un sabre long, brillant sous la lueur de la lune.
— Alors, voilà les petits nouveaux, murmura-t-il d’une voix mielleuse.
Keiji se tendit, prêt à dégainer, mais Haruka l'arrêta d’un geste de la main.
— Ce n’est pas un ennemi, fit-il calmement.
L’homme s’avan?a d’un pas lent, sans aucune hostilité apparente, mais Haruka savait que les choses n’étaient jamais aussi simples dans ce monde. Ses yeux étaient cachés, mais son aura… il l’avait déjà rencontrée.
— Tu es… un élu, n’est-ce pas ? demanda Haruka.
L’homme sourit sous son masque.
— Je le suis. Et toi, le ? Dernier élu du Vent ?, comme le disent certains. Je me demande comment tu vas t’en sortir dans ce monde. Pas facile de survivre quand on se met des ennemis aussi puissants à dos, n’est-ce pas ?
Keiji jeta un coup d'?il furtif à Haruka, mais son regard restait fixée sur l’homme en face d’eux.
— Qu’est-ce que tu veux ? demanda Haruka d’une voix ferme, ne montrant aucune faiblesse.
L’homme inclina légèrement la tête, semblant apprécier l'attitude de Haruka.
— Je n’ai pas de mauvaises intentions, je te rassure. Je suis juste ici pour te… donner un conseil. Il y a des prédateurs dans ce monde, des vautours, comme vous, les petits nouveaux. Ce monde est bien plus cruel qu’il n’en a l’air. Et certains sont là pour récupérer ce que vous laissez derrière vous.
Il fit une pause, un sourire moqueur sur les lèvres.
— Ryosuke… tu l’as défié, n’est-ce pas ? Un mauvais choix. Tu penses vraiment pouvoir lui échapper ? Tu ne sais pas combien d’yeux il a placés sur toi.
Keiji se leva brusquement, prêt à répliquer, mais Haruka le retint une nouvelle fois.
— Et toi, qui es-tu pour nous donner des le?ons ? lan?a Haruka. Un autre membre du Cercle de Ryosuke ?
L’homme éclata de rire, un rire froid et sans joie.
— Non, non, je ne suis pas un membre du Cercle. Je suis juste un marchand. Un collecteur, si tu préfères. Je suis là pour récupérer les restes des proies que Ryosuke chasse. Et vous… vous allez devenir les restes.
L’homme se tourna alors vers Keiji et s’avan?a.
— Détends-toi. Je ne suis pas venu pour vous tuer. Pas encore. Mais vous devez comprendre quelque chose : cette guerre, elle n’est pas juste une affaire d’alliances. Les faibles… les indécis… sont ceux qui disparaissent le plus vite.
Haruka fixa l’homme, son poing se fermant. Marchand, collecteur, peu importe le nom qu’il se donnait, il était un prédateur, tout comme Ryosuke. Ils faisaient tous partie du même système, un système où la trahison était monnaie courante.
— Tu vas regretter de ne pas nous avoir tué maintenant, murmura Haruka, les yeux pleins de détermination.
L’homme fit un dernier sourire en coin avant de se retirer dans l’ombre.
— Nous verrons, Dernier élu. Nous verrons…
Haruka se tourna vers Keiji, son regard maintenant plus sombre.
— Prépare-toi, Keiji. Ce n’est pas encore fini.
Keiji ne répondit pas, mais il savait ce que cela signifiait. La traque venait de commencer.
Et cette fois, il n'y aurait pas de retour en arrière.
Le matin se leva lentement, une lueur pale éclairant les ruines autour de Haruka. La clarté de l’aube n’avait rien d’apaisant. Elle n’était qu’une promesse de souffrance supplémentaire. Haruka se tenait debout, observant le paysage dévasté. L’air était sec et lourd, presque comme si la terre elle-même souffrait sous la pression des événements.
Keiji était assis plus loin, les yeux dans le vague, ses mains serrées autour de son genou. Il n’avait pas dormi. Haruka savait pourquoi. Le marchand, ou plut?t le collecteur, qui leur avait révélé la vérité sur Ryosuke, n’avait pas fait que semer le doute en eux. Il avait aussi ouvert une voie qu’Haruka n’était pas s?r de vouloir emprunter. La guerre, les alliances, les trahisons… tout se mélangeait dans son esprit.
Haruka soupira, sentant la frustration monter en lui. Chaque instant passé dans ce monde devenait plus lourd à supporter. Si autrefois, il avait eu l’illusion de pouvoir garder le contr?le, il avait maintenant compris une chose fondamentale : dans ce monde, le contr?le était un privilège des puissants. Et lui, il n’était pas encore assez fort.
— Haruka, murmura Keiji, tu penses que ?a va vraiment finir ainsi ? Que tout ce qu’on a fait jusqu’ici… ?a n’aura servi à rien ?
Haruka tourna lentement la tête, rencontrant le regard de son ami. Le jeune homme semblait fatigué, comme si chaque jour supplémentaire dans ce monde le rongeait un peu plus. Haruka n’avait pas de réponse toute faite, pas de réconfort à offrir. Mais il savait qu’il ne pouvait pas se laisser abattre. Pas encore. Pas maintenant.
— Nous ne sommes pas morts, répondit-il simplement. Et ce n’est pas pour rien qu’on est encore là.
Keiji hocha la tête, mais il était évident qu’il n’était pas convaincu. La situation devenait de plus en plus intenable, et les tensions entre les groupes ne faisaient qu’augmenter. Chaque jour, une nouvelle menace se profilait à l’horizon.
Puis, une silhouette s’éloigna des ruines en contrebas. Une personne qui semblait surgir de l’ombre, un visage familier. Haruka plissa les yeux. Ryosuke.
Le jeune homme s’approchait, entouré de deux autres individus. Leur allure imposante et leurs expressions de fer confirmaient que ce groupe n’était pas là pour discuter.
— Haruka, Keiji, vous êtes toujours en vie, dit Ryosuke d’une voix calme, presque amusée.
Haruka se redressa lentement, son regard se durcissant.
— Qu’est-ce que tu veux, Ryosuke ?
Le sourire de Ryosuke s’élargit. Il n’avait pas perdu son assurance, malgré la menace implicite dans le ton de Haruka. Il semblait savourer chaque instant, comme si cette guerre était un jeu dont il connaissait les règles mieux que personne.
— Oh, rien de particulier. Juste voir où vous en êtes dans ce petit jeu. On dirait que vous avez survécu jusque-là. Mais jusqu’à quand ? demanda-t-il en jetant un regard appuyé sur Keiji.
Ce dernier baissa les yeux, sentant le poids du regard de Ryosuke sur lui. Haruka pouvait sentir la tension dans l’air, la menace palpable. Ryosuke était un prédateur. Et ils étaient ses proies.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Haruka, un fil de colère dans sa voix.
Ryosuke haussait les épaules, comme s’il parlait de quelque chose d’inconnu.
— Je ne vous ai pas encore tout dit. Mais la fin approche. Le système change, et vos pouvoirs ne vous suffiront plus. Le temps est compté. Vous le sentez, n’est-ce pas ? Le compte à rebours dans vos interfaces.
Haruka ne répondit pas immédiatement. Il savait que le temps était leur ennemi commun, mais il n’avait jamais envisagé que Ryosuke pourrait en savoir autant.
— Tu mens, dit Haruka, secouant la tête. Tu es juste un manipulateur.
— Peut-être, répondit Ryosuke en souriant, mais ce n’est pas tout. Ka?ron a des plans, Haruka. Il teste tout le monde, même moi. Mais ceux qui ne réussiront pas… seront éliminés. Sans retour possible.
Keiji se leva d’un bond, ses poings serrés. Il se tourna vers Haruka, cherchant du réconfort dans ses yeux.
— Ce type est fou ! Il veut juste nous faire peur.
Haruka fixa Ryosuke avec une intensité nouvelle. La vérité était là, frappante et évidente : ce monde, ce jeu, n’avait qu’une seule règle. La survie. Et pour survivre, il fallait être prêt à tout. Cela, Ryosuke l’avait bien compris.
— Alors, qu’est-ce que tu proposes ? demanda Haruka, son ton devenu glacial.
Ryosuke sourit encore plus largement.
— Un conseil… ou plut?t un avertissement. L’artefact… vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ? Il n’est pas qu’une simple légende. Ceux qui l’atteindront auront tout ce qu’ils désirent, mais à quel prix ?
Haruka ne pouvait s’empêcher de sentir une sourde inquiétude grandir en lui. L’artefact, cette rumeur qui circulait dans l’air comme une brume de malheur. Ryosuke en parlait avec une connaissance qu’Haruka n’osait même pas explorer.
— L’artefact est une illusion, dit Haruka, la voix ferme. Et même si ce n’en était pas une, je ne compte pas me laisser corrompre par un objet.
— Oh, tu te trompes, Haruka. Ce n’est pas l’objet qui corrompt, c’est le désir de pouvoir. Et crois-moi, il existe toujours un prix à payer.
Keiji, toujours sur le qui-vive, s’approcha de Haruka.
— On n’a pas besoin de ton artefact ou de tes menaces, Ryosuke. Nous n’avons aucune intention de suivre ton chemin.
Ryosuke siffla, amusé, et se tourna vers ses deux compagnons. Un sourire satisfait sur le visage, il s’éloigna lentement, ses paroles flottant dans l’air comme une malédiction.
— Bien. Je vois que vous êtes têtus. Vous allez vite changer d’avis. On se retrouvera, soyez-en s?rs.
à mesure qu’ils se retiraient, l’angoisse qui avait envahi Haruka ne cessait de cro?tre. Cette conversation, ce rendez-vous avec Ryosuke, n’était pas simplement une rencontre de guerre. C’était un rappel cruel. La fin de ce monde se dessinait.
Et Haruka allait devoir choisir. Choisir entre l’ombre du pouvoir… et la lueur d’une véritable liberté.
Les jours suivants la confrontation avec Ryosuke se déroulèrent dans une atmosphère lourde et tendue. La menace de l’artefact, dont Haruka ne pouvait s’empêcher de se demander si elle était réelle ou non, planait au-dessus de lui comme une épée de Damoclès. Chaque nuit, le son du vent sifflant à travers les arbres semblait plus mena?ant, comme si les forces invisibles du monde se rapprochaient de lui. Il n’y avait pas de repos, pas de sécurité. Seulement la peur constante d’une attaque.
Haruka et Keiji avaient trouvé un campement temporaire au c?ur d’une forêt dense, à l’écart des zones où Ryosuke et ses partisans auraient pu les suivre. Mais malgré cette précaution, une tension palpable flottait dans l’air.
Keiji, plus fatigué que d’habitude, se laissait aller à des moments de doute. Il s’éloignait souvent de Haruka, observant le ciel, les yeux perdus. Haruka savait que son ami se remettait difficilement de l’attaque précédente. La guerre des élus était bien plus complexe que ce qu’ils avaient imaginé. Il ne s’agissait pas seulement de survivre, mais aussi de comprendre les véritables enjeux.
Une nuit, alors que les deux jeunes hommes se reposaient autour d’un feu, une silhouette apparut dans les ténèbres. Haruka se leva immédiatement, son regard se durcissant. Cette fois, ce n’était pas Ryosuke. Ce n’était pas un ennemi connu. C’était une silhouette solitaire, marchant lentement vers eux.
— Haruka… murmura Keiji, inquiet. Qui… qui est-ce ?
Haruka ne répondit pas tout de suite. Il tendit l’oreille. Aucun bruit de pas précipités. Aucun signe d'hostilité immédiate. Quelque chose dans cette démarche calme et assurée ne semblait pas malveillant. Mais le doute restait, car dans ce monde, les apparences étaient souvent trompeuses.
La silhouette approcha. C’était une jeune femme, son visage marqué par les épreuves, mais son regard fier et déterminé. Elle s’arrêta à quelques mètres du feu, n’osant pas encore s’avancer davantage.
— Vous êtes les survivants du groupe de Ryosuke, n’est-ce pas ? demanda-t-elle, sa voix ferme mais douce.
Haruka la scruta un instant, ne répondant pas immédiatement. Une grande lame était accrochée à son dos, et l’aura de cette inconnue n’était pas celle d’une simple civière de guerre.
— Qui es-tu ? répondit Haruka, son ton méfiant. Et que veux-tu ?
La femme sourit faiblement.
— Mon nom est Izumi, et je ne suis pas ici pour me battre contre vous. Je viens vous avertir.
Keiji se leva à son tour, semblant sur le point de réagir, mais Haruka fit un signe pour le calmer. Izumi continuait de les observer, mais avec une sincérité qui se dégageait peu à peu de son comportement.
— Vous avez affronté Ryosuke, non ? Vous avez survécu à son groupe… ce n’est pas un exploit commun. J’ai entendu parler de vous, des ? survivants ? des premiers jours de la guerre.
Keiji se tendit, perplexe.
— Et tu veux nous aider ? Ou nous attaquer, peut-être ?
Izumi secoua la tête, son regard se faisant plus grave.
— Je veux vous aider. Mais il y a des choses que vous devez savoir avant de continuer. Ce que vous faites, Haruka… vous jouez un jeu dont vous ne connaissez pas les règles. Le véritable ennemi n’est pas Ryosuke. Ni même Ka?ron.
Haruka arqua un sourcil. Il s’approcha un peu plus, sa méfiance toujours présente.
— Alors, qui est le véritable ennemi ?
Izumi prit une grande inspiration, comme si elle se préparait à partager un lourd secret.
— Ceux qui vous manipulent. Les créateurs de ce monde. Ceux qui ont tout mis en place, depuis le début. Ryosuke… il n’est qu’une marionnette dans un plan bien plus vaste. Il n’est pas l’ultime objectif, il est… un instrument. Vous avez vu le compte à rebours sur vos interfaces, n’est-ce pas ? Vous avez peut-être remarqué que le système devient de plus en plus implacable, chaque jour qui passe.
Haruka sentit un frisson d’inquiétude parcourir son échine. Manipulation, créateurs de ce monde, ces mots résonnaient comme une alarme.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demanda-t-il, une tension croissante dans sa voix.
Izumi le regarda droit dans les yeux, sans détour.
— Ce monde, ces règles… tout est mis en place pour vous écraser. Ka?ron ? Il n’est qu’un instrument, lui aussi. Il n’a jamais eu l’intention de vous laisser gagner. Ceux qui créent ce monde vous observent, vous testent. Et à chaque étape, ils réduisent vos chances de succès. Vous êtes un expériment. Et ce que vous traversez, Haruka… c’est leur fa?on de tester vos limites.
Haruka, abasourdi, chercha ses mots.
— Alors… ce monde n’est pas réel ? Tout ?a… n’a pas de sens ?
Izumi hocha la tête, ses traits se durcissant.
— Tout a un sens. Mais pas celui que vous croyez. Ce monde a été créé pour une seule raison : savoir jusqu’où l’humanité peut aller pour survivre. Vous êtes leurs cobayes. Et votre survie… ne dépend que de votre capacité à comprendre ce jeu.
Keiji, bien que terrifié, osa enfin parler.
— Et comment sais-tu tout ?a ? Qui es-tu réellement ?
Izumi sourit légèrement, un sourire triste.
— Je suis comme vous. Un élu. Mais j’ai vu au-delà de ce que Ka?ron et ses créateurs veulent. J’ai vu la vraie nature de ce monde. Et je suis ici pour vous aider à trouver une issue.
Elle s’avan?a d’un pas.
— Le premier indice pour vous aider à vous échapper ? Vous devez cesser de suivre les règles qu’ils vous imposent. Vous devez trouver la clé pour les briser.
Keiji se tourna vers Haruka, son regard mêlé de confusion et d’espoir.
— Et comment on fait ?a ?
Izumi les fixa tous deux, un éclat d’espoir dans ses yeux.
— La réponse est déjà devant vous. Vous devez comprendre la vraie nature de vos pouvoirs. Tout ce que vous avez vécu jusqu’ici, chaque épreuve… tout cela a un but. Mais une fois que vous le découvrirez, vous comprendrez que vous avez les clés pour sortir de ce piège. Si vous êtes prêts à en payer le prix.
Le silence qui suivit ses paroles était lourd, presque écrasant. Haruka n’avait jamais ressenti un tel poids de vérité, aussi gla?ant soit-il. Le chemin devant eux était semé d’emb?ches, mais pour la première fois, une petite lueur d’espoir semblait scintiller dans l’obscurité.
Haruka se tourna vers Keiji. Il n’y avait pas de retour en arrière. Il fallait avancer. Tout ou rien.
— On te croit, Izumi. Maintenant, montre-nous la voie.