Le bruit des rires et des chants s'élève du pont, alors que les marins, malgré leur discipline habituelle, se laissent aller à un moment de joie bien mérité. Des tonneaux de vin sont ouverts, et des mets simples mais appétissants circulent parmi les membres de l'équipage. Les visages des marins, qui semblaient habituellement graves et concentrés, sont maintenant animés d'un éclat de satisfaction.
Lorsque Mero monte sur le pont, un vieux marin qui lui avait montré les techniques de combat à la dague l'aper?oit et lui lance un sourire complice.
"Eh bien, le jeune prince ! Pas de cours aujourd'hui ? On vous laisse célébrer un peu avec nous !"
Un autre marin, plus jeune, attrape un morceau de pain et de fromage, et s'approche de Mero avec un clin d'?il.
"Tu veux go?ter ? C'est notre fête pour avoir traversé sans accroc. L'Empire attendra un jour de plus, non ?"
La scène est à la fois surprenante et intrigante. D'un c?té, Mero voit cette liberté de fête qui contraste avec l'ordre strict de son éducation, et de l'autre, il sent la nécessité de maintenir un certain niveau de discipline. Mais la chaleur et l'hospitalité des marins sont difficiles à ignorer.
Le visage de Ma?tre Antonin reste impassible, mais ses yeux pétillent d'une lueur d'approbation. Il place une main amicale sur l'épaule de Mero, comme pour lui donner la permission de profiter du moment.
"Le voyage est long et exigeant, Mero. N'oublie pas que le monde ne se résume pas seulement à des livres et des le?ons. Parfois, il faut savoir s'ouvrir à ce qui nous entoure. Profite de cette fête. Le voyage est encore long et il est bon de se reposer de temps en temps. Tant que nous serons à quai, les cours seront surtout de découvrir cette ville et les cultures qui s'y mêlent."
Le son de la fête s'intensifie alors que des marins commencent à danser, et un groupe de musiciens sur un coin du pont se met à jouer des airs joyeux. Le parfum du vin et des plats simples se mêle à l'air salé de la mer, et l'ambiance semble à la fois festive et détendue. Mero, encore un peu hésitant, ressent un léger soulagement en voyant que l'on lui permet d'être moins formel.
Leila, qui a rejoint Mero sur le pont, observe la scène d'un ?il curieux mais réservé, tout en restant fidèle à son r?le de nourrice. Elle semble toujours un peu en retrait, mais elle montre de petites ouvertures dans son attitude, comme si elle était prête à accepter cette rupture dans la routine.
Leila, toujours si réservée, semble d'abord hésiter, mais Ma?tre Antonin, avec son sourire rare mais sincère, l'encourage doucement. Après un instant, elle finit par céder et se laisse emporter par la musique. Leurs mouvements sont maladroits au début, comme s'ils n'avaient pas l'habitude de se laisser aller à la joie. Mais à mesure que la musique s'intensifie, ils semblent oublier leurs r?les et se laissent porter par l'instinct.
Un marin commence à jouer un air de musique entra?nant et tout le monde commence à danser. à sa grande surprise, Ma?tre Antonin invite Leila à danser. Mero les regarde médusé, c'est la première fois qu'il les voit s'amuser.
Pour un moment, Mero voit deux figures habituées à l'autorité et au sérieux se transformer sous ses yeux. La transformation est presque magique. Leila rit doucement, son visage qui d'habitude reste si sérieux est désormais illuminé par un éclat de joie que Mero n'avait jamais eu l'occasion de voir. Ma?tre Antonin, bien que toujours ma?tre de lui-même, se montre plus détendu, sa posture habituellement rigide se relachant dans les mouvements de danse.
Mero, malgré sa surprise, ressent un étrange mélange d'émotions : une forme de complicité entre ses deux compagnons, et peut-être une liberté qu'il n'avait pas imaginée dans leur relation. Ce qu'il voit en ce moment est nouveau pour lui, une autre facette de ces personnes auxquelles il a été lié pendant son voyage.
Unauthorized duplication: this narrative has been taken without consent. Report sightings.
Il se demande si lui aussi pourrait, un jour, se détendre ainsi. Après tout, il est un jeune homme, et cette pause dans le voyage pourrait lui offrir une chance d'apprécier un peu plus la vie au-delà des études et des obligations qui l'attendent.
Il les laisse s'amuser. Il rejoint un groupe de marins qui dansent en ligne, bras dessus bras dessous.
Le groupe de marins, joyeux et bruyants, forme une ligne, leurs bras entrelacés dans une démonstration de camaraderie. La musique s'intensifie, et les rires éclatent comme des éclats de verre dans l'air nocturne. Mero s'invite dans la danse sans hésiter, porté par la vague de joie collective qui envahit tout le navire. La chaleur de l'instant est palpable, et bien que le jeune prince soit encore un peu réservé, il se sent soudain plus proche de ces gens, qu’il a longtemps vus comme des étrangers de passage.
Il prend place à c?té d'un marin robuste qui semble lui aussi apprécié les petits moments de répit. Leurs pieds foulent le sol au rythme de la musique, et Mero réalise qu'il n'a jamais vécu quelque chose de si simple, de si... humain. Loin des exigences de sa naissance, il trouve un plaisir pur à cette danse spontanée, bien loin des stratégies d'alliance et des obligations familiales qui l'attendent.
Les marins chantent, leurs voix résonnent dans la nuit, et Mero se sent à la fois étranger et pourtant étonnamment inclus dans cette fête. Les gestes sont simples, mais ils créent un lien invisible entre eux, quelque chose qui va au-delà des différences de statut et de culture.
Au bout de quelques instants, un marin plus agé le regarde et lui lance un sourire complice, un geste comme un passage de témoin. Mero sourit en retour, peut-être pour la première fois en ressentant cette impression d'appartenance.
Même s'il sait qu'il doit retourner à son r?le, à sa mission, à ses études, ce moment lui semble précieux, un instant de liberté avant de reprendre le chemin du devoir.
Il se mêle aux mousses pour faire connaissance. Pour une fois, ils sont libres et ne suivent pas d'ordres.
Les mousses, jeunes gar?ons de l'équipage, se retrouvent pour la première fois sans la pression des ordres et des responsabilités. Ils dansent et rient, une certaine liberté dans leurs mouvements, un contraste frappant avec la discipline qu'ils doivent suivre au quotidien. Mero, curieux et désireux de mieux comprendre ces gar?ons qui partagent un quotidien bien différent du sien, s'approche d'eux.
Il remarque tout de suite que certains d'entre eux sont plus réservés, tandis que d'autres sont plus extravertis, affichant une confiance que Mero commence à envier. Tous, cependant, ont cette lueur de camaraderie et de solidarité, comme si cette liberté retrouvée, bien que temporaire, les unissait.
Il se présente à eux, et avec un sourire sincère, il leur pose des questions simples, des curiosités humaines plut?t que des questions nobles ou de stratégie. D'où viennent-ils ? Comment se sont-ils retrouvés à bord de ce navire ? Mero n'a pas l'intention de les juger, il veut juste comprendre leurs vies, leur quotidien.
L'un des mousses, un gar?on à peine plus vieux que lui, le regarde avec un air curieux avant de répondre avec enthousiasme.
"Moi, je viens de l'?le de Korma, c’est tout près des c?tes du royaume d’Astreil. Mon père était marin, alors j’ai grandi sur un bateau. J’ai embarqué dès que j’ai eu l’age."
Un autre mousse, un peu plus timide, ajoute en riant, mais d'une voix plus basse :
"Moi, je viens d’un village de pêcheurs sur les c?tes de l'empire, mais je suis sur ce navire depuis trois ans déjà. ?a me manque parfois, la terre ferme."
Ils échangent leurs histoires de voyage, de mer, et de famille, rendant Mero presque nostalgique de ses propres terres natales. Mais plus que tout, il ressent un sentiment de camaraderie naissant. Bien qu’il soit un prince, il sait maintenant que l’étiquette n’a pas sa place dans ces moments de pure humanité. Les mousses, eux aussi, cherchent à trouver leur place, à se forger une identité au-delà des r?les qu’on leur impose.
Les rires et les histoires vont bon train, et pour Mero, il est peut-être plus un gar?on parmi d’autres dans ces instants partagés, que le fils du roi. Un gar?on qui apprend, qui découvre, mais aussi qui se lie, ne serait-ce qu’un instant, à ces gar?ons qui vivent une vie très différente de la sienne.
La fête touche à sa fin, et peu à peu, les marins, les mousses et les invités commencent à se disperser. Les rires et les chants se dissipent dans la nuit, laissant place à un calme relatif. Mero se sent un peu fatigué après tant de nouvelles rencontres et d'émotions partagées. Il est temps pour lui de retourner à sa cabine, où un sentiment de calme l'envahit.
Il se dit que ce moment de liberté, bien que bref, lui a permis de se rapprocher des membres de l'équipage et de les voir sous un jour nouveau. Cela le rend plus humain aux yeux des marins, et même si sa situation ne changera pas, il sent qu'il a fait un pas vers la compréhension des hommes qui l'entourent.
En se dirigeant vers sa cabine, il aper?oit sa nourrice, Leila, qui se dirige également vers sa chambre, un sourire discret sur ses lèvres. Mero ne peut s'empêcher de penser à la soirée, à ses échanges avec les mousses et à la joie qui semblait s'être emparée des marins. C'était une nuit différente, une nuit de détente et de plaisir partagé.
Il entre dans sa chambre, retire ses vêtements et se glisse dans son lit. Les bruits de la mer, l'écho des vagues et le roulis du bateau le bercent doucement. Mais avant de s'endormir, une pensée traverse son esprit : le voyage est encore long, et il y a bien plus à découvrir, non seulement sur le monde qui l'entoure, mais aussi sur lui-même.
Dans la quiétude de la nuit, Mero s'endort, son esprit prêt à affronter les défis du lendemain.