Zhi Huo balaya la salle du regard et reprit avec calme :

  "Commen?ons par la base. Les six royaumes dont nous avons parlé sont divisés en neuf étapes chacun. Chaque palier représente une avancée significative dans votre compréhension du Qi et dans votre contr?le de votre propre force."

  Il tra?a rapidement quelques symboles dans les airs avec son doigt, une fine lueur dorée suivant son mouvement, projetant des caractères flottants devant les élèves.

  "Le premier royaume, le Royaume de l’Humain, est celui où vous apprendrez à canaliser le Qi dans votre corps. C’est le fondement de tout cultivateur."

  Il pointa un des symboles qui scintillait légèrement.

  "Ensuite vient le Royaume de l’Humain Supérieur. Ceux qui l’atteignent sont capables d’utiliser le Qi de manière plus raffinée et commencent à influencer leur environnement."

  Il fit dispara?tre les premiers caractères d’un geste et en fit appara?tre de nouveaux.

  "Le Royaume de la Terre et le Royaume de la Terre Supérieure marquent le début de la véritable cultivation. Ici, vous ne vous contentez plus d’utiliser le Qi, vous commencez à forger votre propre voie. Votre corps, votre esprit et votre essence évoluent vers quelque chose de supérieur."

  Un silence s’installa tandis que les élèves assimilaient ses paroles. Certains prenaient des notes, d’autres écoutaient avec fascination.

  "Enfin, nous arrivons aux Royaumes du Ciel. Le Royaume du Ciel est le premier palier où vous pouvez véritablement imposer votre volonté sur le monde qui vous entoure. Les ma?tres de ce stade ne sont plus limités par les lois ordinaires. Et ceux qui atteignent le Royaume du Ciel Supérieur…"

  Il s’arrêta un instant, un léger sourire en coin.

  "…ne sont déjà plus des existences que vous pouvez considérer comme humaines."

  Un frisson parcourut la classe.

  Un élève leva la main et demanda, hésitant :

  "Professeur… ces royaumes sont-ils difficiles à atteindre ?"

  Zhi Huo eut un léger rire.

  "Si c’était simple, tout le monde serait déjà un immortel."

  Le silence tomba de nouveau.

  "Mais ce qui importe… c’est votre détermination." Il s’appuya légèrement sur son bureau. "Dites-moi… d’après vous, qu’est-ce qui fait la différence entre un cultivateur talentueux et un cultivateur qui atteindra véritablement les sommets ?"

  Les élèves échangèrent des regards, hésitant sur la réponse.

  L’examen de Zhi Huo ne faisait que commencer.

  Les élèves restèrent silencieux, tentant de deviner la réponse attendue. Certains baissèrent la tête, d’autres fron?aient les sourcils, cherchant une explication logique.

  Zhi Huo, lui, se contenta de les observer, laissant le silence s’installer. Il ne leur donnerait pas la réponse. Il voulait qu’ils la trouvent par eux-mêmes.

  Finalement, un élève tenta sa chance :

  "Le talent, professeur ?"

  Zhi Huo haussa un sourcil, mais ne répondit rien. Son regard restait impassible.

  Un autre prit la parole :

  "La détermination ?"

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  Toujours aucune réaction.

  Un troisième, plus hésitant, murmura :

  "Le travail acharné…?"

  Le professeur soupira légèrement, avant de lever une main. D’un geste fluide, il condensa une sphère de Qi dans sa paume. L’énergie était pure, stable, mais il ne fit rien de plus.

  Les élèves regardèrent, perplexes.

  Puis, sans un mot, Zhi Huo desserra les doigts. La sphère explosa en une multitude d’éclats lumineux qui flottèrent un instant dans l’air avant de dispara?tre.

  Le silence s’alourdit.

  Un élève finit par murmurer, incertain :

  "Le contr?le…?"

  Zhi Huo eut un léger sourire.

  Sans confirmer ni infirmer, il leva la main une nouvelle fois et tra?a un simple cercle dans l’air avec son doigt. Une fine ligne de lumière apparut, parfaite, harmonieuse.

  Puis, d’un mouvement vif, il en tra?a un second, cette fois plus tremblant, irrégulier.

  Il ne dit rien.

  Les élèves comprirent immédiatement.

  Le talent, le travail, la détermination… Tout cela importait, mais au final, c’était la précision, la ma?trise, la compréhension qui faisaient la différence.

  Un cultivateur pouvait avoir toute la puissance du monde, mais s’il ne savait pas l’utiliser correctement, alors il n’était rien.

  Un silence respectueux s’installa.

  Zhi Huo tourna finalement son regard vers ses élèves et déclara d’un ton calme :

  "Pensez-y. Nous reprendrons cette discussion demain."

  Puis, sans un mot de plus, il quitta la salle, laissant les élèves en pleine réflexion.

  Après le départ de Zhi Huo, les élèves restèrent silencieux, absorbés par leurs pensées. L’un d’eux, un jeune homme aux traits sévères, finit par murmurer :

  "Il ne nous a même pas donné de réponse claire…"

  Une fille aux cheveux attachés répondit aussit?t :

  "C’est justement ?a le but. Il veut qu’on réfléchisse par nous-mêmes."

  Un autre élève, plus sceptique, haussa les épaules.

  "C’est une perte de temps. On n’a pas besoin de comprendre ces choses pour progresser. Il suffit de cultiver et d’atteindre des niveaux plus élevés, non ?"

  Mais personne ne répondit. Chacun était plongé dans ses propres réflexions.

  Pendant ce temps, Zhi Huo marchait tranquillement dans les couloirs de l’académie, les mains derrière le dos. Il pouvait deviner les pensées confuses de ses élèves, mais cela ne le dérangeait pas.

  "S’ils ne peuvent pas comprendre par eux-mêmes, alors ils ne méritent pas d’apprendre."

  Son regard se perdit dans le ciel à travers une fenêtre ouverte. Il savait que la majorité des cultivateurs recherchaient la force brute sans chercher à la ma?triser pleinement. Et pourtant, il leur avait donné un indice simple mais essentiel.

  "Le véritable pouvoir ne réside pas seulement dans le niveau de cultivation, mais dans la manière dont on l’utilise."

  Un léger sourire apparut sur son visage avant qu’il ne reprenne sa route.

  Demain, il testerait à nouveau ses élèves.

  Zhi Huo s’arrêta un instant dans un couloir désert de l’Académie de l’éclipse. Son regard se porta sur le ciel, puis, sans un bruit, son corps disparut dans un léger frémissement de l’air.

  Lorsqu’il réapparut, l’environnement avait complètement changé. Une brise glaciale fouettait son manteau, et un épais tapis de neige recouvrait le sol autour de lui. Devant lui, une montagne enneigée s’élevait majestueusement sous la lumière éclatante du soleil.

  "Comme chaque année, tu es là."

  La voix de Zhi Huo brisa le silence.

  Assis sur un rocher, face à un échiquier de jade finement sculpté, un homme en robe blanche ouvrit un ?il et sourit légèrement.

  "Et comme chaque année, tu arrives juste avant le premier coup."

  Zhi Huo s’approcha calmement et s’assit en face de lui, balayant la neige accumulée sur son c?té du plateau.

  "J’espère que tu as progressé cette fois-ci."

  Son ami rit doucement et pla?a la première pièce.

  "C’est ce que nous allons voir."

  La partie d’échecs venait de commencer, sous le regard du soleil resplendissant au sommet du monde enneigé.

  Zhi Huo observa son adversaire avec un regard calme, puis bougea sa première pièce. La partie venait de commencer, mais l'enjeu était bien plus profond qu'un simple jeu d'échecs.

  L'homme en face de lui, enveloppé dans sa robe blanche immaculée, fit un léger sourire en avan?ant une pièce sur l’échiquier. Son aura était stable, ma?trisée, mais Zhi Huo pouvait percevoir la force qui émanait de lui.

  "Il y a plusieurs années, tu étais encore un simple étudiant, hésitant devant les fondations de la cultivation." Zhi Huo fit tourner distraitement une pièce d’échecs entre ses doigts. "Et maintenant, te voilà à la septième étape du Royaume du Ciel."

  L'ancien élève baissa légèrement les yeux, contemplant les montagnes enneigées en contrebas.

  "C'est grace à toi, professeur."

  Zhi Huo haussa un sourcil.

  "Oh ? Je n’ai pourtant fait que poser des questions."

  L’élève éclata de rire.

  "C'est justement cela. Tu n’as jamais donné de réponse. Tu nous as poussés à réfléchir, à voir au-delà des évidences. Le reste... nous devions le comprendre par nous-mêmes."

  Il avan?a une nouvelle pièce, son regard brillant d’intelligence et de détermination.

  Zhi Huo prit un moment avant de jouer son tour. Un léger sourire apparut sur ses lèvres.

  "Alors, montre-moi à quel point ta compréhension s'est affinée."

  Le vent souffla plus fort sur la montagne enneigée, balayant la neige autour d'eux. L’échiquier, témoin de leur duel silencieux, devenait l'arène d’une nouvelle confrontation intellectuelle.

  L’élève observa Zhi Huo en silence pendant quelques instants, puis, comme chaque année, il posa la question qui le hantait depuis des années :

  "Professeur… quel est votre véritable niveau de cultivation ?"

  Zhi Huo s’arrêta un instant, les doigts posés sur une pièce d’échecs. Il leva doucement la tête et regarda son ancien élève avec une expression indéchiffrable. Un léger soupir s’échappa de ses lèvres.

  "Chaque année, tu poses cette question. Chaque année, tu espères une réponse."

  Il fit glisser une pièce sur l’échiquier avec une fluidité parfaite, comme si le jeu n'était qu'une extension de lui-même. Puis, il leva son regard vers l’horizon enneigé, laissant le silence s’installer avant de finalement répondre, non pas par un chiffre, mais par une métaphore.

  "Dis-moi… Un poisson dans une mare peut-il comprendre l'immensité de l’océan ?"

  L’élève sentit un frisson lui parcourir l’échine.

  "Ou encore…" continua Zhi Huo, "un moineau peut-il deviner la hauteur à laquelle vole le dragon céleste ?"

  Le vent siffla à travers la montagne, soulevant une fine couche de neige. L’élève serra les poings.

  Il savait. Il savait que son ma?tre était bien au-delà de sa compréhension, un être qu’il ne pouvait qu’entrevoir du coin de l'?il, sans jamais en saisir la véritable étendue.

  Mais cette fois, il osa insister, sa voix légèrement tremblante :

  "Alors… pourquoi êtes-vous toujours ici, professeur ? Pourquoi perdre du temps avec nous, si nous sommes aussi insignifiants ?"

  Zhi Huo le fixa, impassible, avant de reprendre une pièce et de la faire tournoyer entre ses doigts.

  "Parce qu’un jour, un poisson peut quitter sa mare et rejoindre l’océan."

  Son sourire s’élargit légèrement.

  "Et peut-être qu’un moineau, s’il le désire assez, finira par atteindre le sommet où volent les dragons."

  L’élève sentit son c?ur s’accélérer. Il comprenait enfin.

  Zhi Huo ne regardait pas les mortels de haut. Il leur laissait simplement une chance… Une chance d’entrevoir ce qui se trouvait au-delà.

  Leur partie d’échecs continua sous le ciel enneigé, mais pour l’élève, cette rencontre annuelle était bien plus qu’un simple jeu. C’était une porte vers l’inconnu, une invitation à rêver d’atteindre un jour les hauteurs inaccessibles où résidait son ma?tre.