Feng Lin et Liang passèrent enfin les grandes portes de la ville. Dès qu'ils entrèrent, un tumulte sourd leur parvint, fait de cris étouffés et de détonations lointaines. L'air vibrait sous les impacts des techniques de culture, et au loin, des colonnes de fumée montaient dans le ciel.
Mais contrairement à ce que l'on aurait pu croire, la ville n'était pas plongée dans le chaos. Les rues principales étaient désertes, mais personne ne paniquait réellement. Les cultivateurs aguerris vaquaient à leurs occupations, à peine troublés par l'attaque en cours contre le clan Zhao. Seuls les mortels et les plus faibles préféraient éviter de se mêler aux ennuis.
Feng Lin restait sur ses gardes. Il savait qu'ici, il n'était qu'un insecte aux yeux des véritables puissants. Même s'il se tenait droit et adoptait un air confiant, la moindre erreur pouvait lui co?ter cher. Il jeta un regard à Liang, qui marchait légèrement derrière lui, plus crispé que jamais.
— Jeune ma?tre, murmura Liang, regardez autour de nous… La ville est plus tendue que d'habitude.
Feng Lin balaya du regard les environs. Les batiments, bien que solides, portaient les traces de multiples affrontements passés : des murs fissurés, des toits effondrés, des taches sombres dans certaines ruelles, témoins silencieux d'exécutions récentes. De temps en temps, on apercevait un corps recroquevillé dans l'ombre, oublié là après un règlement de comptes.
Alors qu'ils s'approchaient d'un poste de garde, un homme en armure utilisait leur barre le passage d'un geste las.
— Droit d'entrée, une pièce de cuivre par tête.
Feng Lin a une source mais ne protesta pas. Ce monde ne fonctionne que par l'échange de force ou d'argent. Il tendit calmement les deux pièces demandées, et les gardes les laissèrent passer sans un mot.
Les crises et les explosions résonnaient toujours derrière eux, mais personne ne semblait réellement inquiet. Un groupe de marchands discutait non loin, observant le distraitement de la fumée.
— Hmph, le clan Zhao était trop arrogant. Il était temps qu'ils go?tent aux conséquences de leurs actes, lan?ant l'un d'eux avec un sourire narquois.
— Oui, mais ils ne tomberont pas aussi facilement, répondit un autre en haussant les épaules.
Feng Lin resta silencieux, observant la ville qui s'étendait devant lui. Un monde sans pitié où seuls les puissants dictaient leur destin.
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Feng Lin et Liang s'enfoncèrent dans la ville, progressant à travers les rues où la tension était palpable. Bien que les habitants n'étaient pas l'air particulièrement alarmés, une vigilance silencieuse régnait. Les marchands continuaient à vendre leurs marchandises sous des auvents usés, les passants évitaient les ruelles sombres, et certains cultivateurs restaient postés aux intersections, scrutant l'horizon d'un air méfiant.
Feng Lin s'arrête temporairement pour observer les alentours. Il répare plusieurs établissements, dont une grande auberge à l'enseigne ternie et une boutique d'herboristerie dégageant une légère odeur médicinale. Plus loin, une forge laissait échapper des étincelles, signe d'un artisan à l'?uvre.
— Liang, où se trouve le marché principal ? exigea-t-il.
— Il se trouve un peu plus loin, jeune ma?tre, vers le centre de la ville. On y trouve tout ce dont on peut avoir besoin : armes, pilules, ressources de cultivation… Mais il est aussi surveillé de près par les factions influentes.
Feng Lin acquies?a en silence. Il n’avait pas l’intention d’attirer l’attention inutilement. Son but était simple : obtenir des ressources sans se faire remarquer.
Alors qu’ils avan?aient, un bruit attira leur attention. Un cultivateur à l’air arrogant bousculait un vieil homme sur le c?té de la rue, renversant son étal de fruits.
— Hmph, encore un faible qui prend trop de place, ricana l’homme en s’éloignant sans un regard.
Le vieil homme baissa la tête et commen?a à ramasser ses fruits en silence. Personne ne vint l’aider.
Feng Lin observa la scène sans intervenir. Il comprenait mieux que jamais la dure réalité de ce monde : ici, la force dictait tout.
— Jeune ma?tre, voulez-vous que nous nous pressions ? murmura Liang.
— Non. Prenons notre temps et observons.
Feng Lin voulait en apprendre plus sur cette ville avant d’agir. Il savait qu’il n’était qu’un petit poisson pour l’instant… mais cela ne durerait pas éternellement.
Feng Lin continua d’avancer lentement dans les rues de la ville, observant chaque détail avec attention. Contrairement à Liang, qui paraissait nerveux et pressé d’en finir avec cette sortie, lui prenait le temps d’analyser son environnement.
Les échoppes du marché commen?aient à se multiplier autour d’eux, proposant un assortiment de marchandises variées : des armes rudimentaires, des potions médicinales de qualité douteuse, et quelques matériaux précieux pour la cultivation. L’atmosphère était bruyante, marchands et acheteurs négociant avec véhémence, mais toujours sous une tension latente.
— Liang, où se vendent les ressources les plus précieuses ?
— Il y a quelques boutiques spécialisées, jeune ma?tre, mais elles sont tenues par des clans ou des marchands affiliés aux grandes factions. Ceux qui n’ont pas de relations solides n’y sont pas les bienvenus…
Feng Lin comprit immédiatement le message. Se présenter dans ces établissements sans soutien serait une perte de temps, voire dangereux.
— Hmph, alors où devrions-nous aller ?
— Il y a des marchands itinérants qui vendent parfois de bonnes choses. Mais il faut savoir trier, car certains vendent des contrefa?ons ou des matériaux volés…
Feng Lin plissa les yeux. Même si les meilleures ressources lui étaient inaccessibles pour l’instant, il devait tout de même obtenir quelques objets utiles pour son voyage.
Alors qu’ils marchaient, un attroupement attira leur attention à l’entrée d’une grande place. Des cris s’élevaient, et un groupe de cultivateurs armés de lances entouraient un homme ensanglanté, le plaquant au sol.
— Tra?tre ! Tu pensais pouvoir nous voler et t’en tirer vivant ?
L’homme au sol cracha du sang et rit d’un ton amer.
— Ce n’est qu’un peu de minerai spirituel… vous êtes vraiment prêts à tuer pour si peu ?
— Peu importe la valeur, un voleur mérite la mort !
D'un coup sec, l'un des hommes abaissa sa lance, transper?ant le corps du blessé. Le silence se fit un instant, puis l'attroupement se disperse, représentant le cours de leurs affaires comme si rien ne s'était passé.
Liang baissa la tête, serrant les poings.
— C'est ainsi que fonctionne la ville, jeune ma?tre. La vie d'un homme ne vaut pas grand-chose ici…
Feng Lin, lui, reste impassible. Il n'était pas venu pour changer le monde, seulement pour en tirer profit.
— Allons-y. Trouvons quelque chose d'utile et quittons cet endroit avant d'attirer l'attention.