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Chapitre 3 partie 1

  Le ciel est encore sombre, le brouillard flottant en contre bas des collines comme si toutes les ames des soldats morts se rassemblaient pour continuer leur combat, comme s’ils refusaient leur mort. Nous sommes réveillés par les cris des gradés et des trompettes. Il faut de dépêcher, l’ennemi est déjà en position, nous devrons nous battre le ventre vide. Les ordres fusent, bruyants, précipités, mais notre lieutenant est trop loin pour que ses cris atteignent nos lignes. Ses ordres sont relayés par les sous-officiers, nous prenons position comme des pantins, serrés les uns contre les autres. Nous savons ce que nous avons à faire, le carnage va bient?t commencer, nous allons regoutter à ce met insipide et empoisonné.

  Une fois tous en formation, nous attendons. Le bruit du silence est assourdissant. Ce silence nous écrase et nous fait sentir minuscule. Des grains de poussière qui vont venir se déposer au fond de la vallée pour aller rejoindre ceux qui sont déjà tombés. Il est uniquement brisé les raclements de gorge et les prières. Des prières pour pouvoir revoir le soleil se coucher, pour ceux qui tomberont à nos c?tés et pour que cette guerre interminable s’arrête.

  Et soudain nous les voyons, nos yeux se fixent avec douleur sur eux, leurs silhouettes se découpant sur le soleil levant. Pour ajouter injure à notre position de fétu de paille dans ce torrent qui va déborder, le soleil nous aveugle mais nous ne pouvons pas quitter ces silhouettes des yeux. Les troupes ennemies avancent lentement comme pour nous torturer avant de nous mettre en pièces.

  Puis un cri de guerre provenant de leur rang nous fait trembler, et ils avancent au rythme des tambours comme des pantins eux aussi. Il n’y a pas d’héro?sme dans leurs gestes, pas de rage dans leurs yeux. Ils sont épuisés, fatigués par la guerre, tout comme nous. Ils sont là, comme nous, à se battre pour des raisons qu’ils ne comprennent même plus.

  Nous recevons l’ordre de ne pas bouger. Quand nous pouvons enfin distinguer, au travers de ce soleil levant, leurs visages, nos archers frappent. Une pluie de flèches s’abat sur eux, et les cloue au sol. Les soldats ennemis tombent les uns après les autres mais ils avancent trop fiers ou trop désespérés pour céder. Le sang commence à parfumer le champ de bataille, l’air est chargé de ce parfum lourd de la guerre, de fer et de sang.

  Ensuite, notre cavalerie sort rapide comme la mort, broyant tous ces corps sur sont passage. Les cavaliers fendent l’air avec une puissance inou?e, leurs sabres scintillant sous la lumière de l’aube. Un raz de marée engloutissant les fantassins. L’impact est brutal, implacable. Leurs rangs se déstabilisent, leurs lignes se brisent. Moi, je suis content de ne pas être du c?té de l’ennemi.

  Finalement, nos trompettes raisonnent l’ordre d’avancer nous ait donné. Sans un mot nous nous mettons en mouvement, tel une armée de pantins. Nos esprits concentrés sur une seule chose survivre jusqu’au soir. Chaque pas est une promesse vers la mort, j’espère qu’elle ne la tiendra pas. Quand nous arrivons à la ligne ennemie, la peur, le désarroi et la démotivation peu se lire sur leurs visages, dans leurs yeux. Ils ont été réveillés trop t?t, trop t?t pour ce massacre, trop t?t pour mourir.

  Les premiers contacts sont brutaux. Il n’y a pas de résistance, notre ligne les broie, ont ne dirait pas les mêmes homes qu’avant-hier. Un coup d’épée, un soldat ennemi qui tombe sans un soupir. Nous avan?ons comme la marée sur la plage, avalant tout sur notre passage. J’ai l’impression d’être comme les héros dans les contes pour enfants celui qui vainc l’ennemi sans la moindre égratignure. Ils ne tiendront pas longtemps, je le sais. Leur résistance est brisée. Leurs rangs sont en train de fondre comme neige au soleil. Nous avan?ons, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des ombres sur le sol, des corps inertes, des visages figés dans la terre. Le vent porte l’odeur de leur défaite.

  Je coupe, je frappe, mes bras répondent à mes ordres sans que je n'y pense vraiment. Les gestes sont devenus automatiques, comme si mon corps avait cessé de m'appartenir. La stratégie des généraux a fait son ?uvre. L'ennemi est épuisé, brisé, et la moindre résistance semble n’être qu’un ultime sursaut avant de succomber sous la pression. Chaque coup porté semble enfoncer un peu plus le clou du dernier clappement de leurs espoirs.

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  Je ne me souviens plus du nombre d’hommes que j’ai abattus. Leur visage se confond dans une mer de douleur, d’effroi, et de sang. Je ne compte plus. L’idée même de compter m’est devenue étrangère. Combien de vies ai-je détruites ? Combien de familles ont perdu un fils, un frère, un père ? Cela n’a plus d’importance. Ici, sur ce champ de bataille, seule ma survie compte, et celle de mes camarades.

  Nous avan?ons sans relache, comme des machines de guerre, une unité monolithique, un bloc, nous sommes une armée de conquérants. Aucun de nous ne ralentit, aucun ne se détourne. Nous sommes une vague impitoyable qui submerge tout sur son passage, et tout ce que je peux faire, c’est avancer avec elle. Un pas après l'autre. Il n'y a plus de bataille dans ma tête, seulement cette euphorie de savoir que je vivrais ce soir.

  Nous avons tellement avancé que, maintenant, à travers l'horizon flou, je distingue les tentes des généraux ennemis. Elles sont là, en retrait, comme des reliques de ce qui reste d’une armée déjà dévastée. Les hommes qui se battent encore sont peu nombreux, une poignée, et leur désespoir se lit dans leurs yeux. Pourquoi ne se rendent-ils pas ? Pourquoi continuent-ils à se battre, même quand tout est perdu ? La question flotte dans l’air, mais personne ne répond. Aucun de nous n’a le temps de s’arrêter pour réfléchir. La guerre ne nous laisse pas ce luxe.

  Nos épées frappent encore et encore. Les cris des ennemis se mêlent aux bruits métalliques des armures et aux grognements des chevaux. L'odeur du sang est omniprésente. Les derniers hommes de l'ennemi tombent sous nos coups, leurs corps s'effondrent comme des poupées de chiffons. Pourtant, la ligne de défense semble ne jamais vouloir céder complètement. Leur chef, leur commandant, quelque part derrière ces tentes, doit se terrer s’il n’a pas fui.

  Nous avan?ons, mais il y a quelque chose de macabre dans ce combat. La fin est proche, mais l'acharnement de l'ennemi me déstabilise. Leur résistance semble puiser dans un désespoir inexplicable. Peut-être que, comme nous, ils n'ont plus de place pour la réflexion. Peut-être que c'est la peur de la défaite qui les pousse à se battre, une peur qu'ils refusent d'accepter.

  Le bruit de nos pas et de nos coups devient une chanson sinistre, un chant de victoire qui, paradoxalement, résonne comme une mélodie funeste. Nous fauchons leurs dernières forces, les derniers espoirs qui se brisent sous nos lames. Je sens le poids de cette guerre, non seulement sur mes bras, mais dans chaque fibre de mon être. Mais je n’ai pas le droit de m’arrêter. Pas encore.

  Les tentes ennemies sont à portée de vue, mais je me demande s’il y a encore un sens à poursuivre ce massacre. Les hommes qui restent n’ont plus la force de se défendre correctement. Mais c’est une question à laquelle je n’ai pas le temps de répondre, car déjà, d’autres ennemis tombent, et le bruit des armes fait tout oublier. Nous avan?ons encore et encore, emportant tout sur notre passage.

  Soudain, un bruit assourdissant déchire l’air, comme un coup de tonnerre qui ébranle le ciel et la terre. Le sol vibre. Tout autour de moi, les soldats se redressent, crispés, leurs yeux écarquillés de surprise. Il me faut un instant pour réaliser ce qui se passe. Je la vois, la mort qui arrive. Elle court vers nous comme une fiancée court vers son amoureux. Elle arrive sous la forme d’un nuage de poussière puis se transforme an une rivière de métal et de chevaux. Des chevaliers en harnois, des chevaux en armure, ils font trembler le sol et l’air dans un rugissement qui semble venir de nulle part, la cavalerie ennemie nous attaque, frappant directement sur notre flanc.

  Le choc est brutal, en un instant, notre élan est brisé. Nos lignes se brisent sous la pression de la charge. Nous étions tombés dans leur piège, ils ont sacrifié des soldats comme des pions dans un jeu d’échec, pour nous détruire. Tout ce que nous avions accomplis, traversé réduit à néant. Je me croyais un invincible héro, je n’étais qu’un pion parmi tant d’autre, pris au piège d’une tactique qui avait commen?ait bien avant que je me lève. Je n’en voyais que le dénouement maintenant que c’était trop tard.

  Nous tentons de nous repositionner, mais la confusion est totale. Les chevaliers surgissent, rapides, implacables, frappant à tout-va. Le carnage a changé de c?té, maintenant, nous sommes ses jouets et il veut nous briser.

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