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LAttente du Bal dHiver

  Le bal d’hiver approche à grands pas à l’école Impériale de Mor, et avec lui, une agitation fébrile envahit les corridors de pierre grise où résonnent les pas précipités des élèves et les murmures excités des préparatifs. Les salles aux plafonds vo?tés, ornés de fresques fanées aux teintes d’azur et d’or, s’animent de l’éclat des chandelles disposées dans des lustres de fer forgé, leurs flammes vacillantes projetant des ombres dansantes sur les murs lambrissés de chêne sombre. Les dortoirs, aux fenêtres donnant sur des cours pavées où les saules pleureurs ploient sous une brise froide, bourdonnent de discussions sur les tenues – des tuniques de soie aux broderies délicates pour les jeunes nobles, des robes aux jupes volumineuses pour les filles des royaumes vassaux – tandis que les serviteurs transportent des rouleaux de tissu et des plateaux d’argent chargés de vivres dans les cuisines aux murs de pierre noire, où l’odeur du pain frais et des épices grillées emplit l’air humide de l’hiver naissant.

  Les élèves s’affairent à organiser leurs invitations, formant des alliances tacites pour cette soirée prestigieuse qui illuminera bient?t le grand hall de l’école, une vaste salle aux colonnes de marbre blanc veiné de gris, ses hautes fenêtres donnant sur les plaines verdoyantes traversées par le fleuve scintillant de Mor. Pourtant, Mero reste en retrait, ses pas mesurés résonnant dans les couloirs alors qu’il traverse les lieux sans demander à personne d’être sa cavalière. Dans son esprit, une seule présence occupe cette place : Mandarine, la fille du Seigneur Pirate, dont l’image flotte comme une vague indomptable venue de l’Océan Vert. Il espère qu’elle viendra, qu’elle surgira dans l’éclat des lumières du bal, défiant les convenances et les attentes avec cette audace qui la définit. Son absence serait une blessure silencieuse, un vide qu’il refuse d’envisager, son c?ur battant au rythme de cette attente qu’il garde pour lui.

  Les jours passent, et les rumeurs circulent parmi les élèves comme une brise dans les saules bordant le fleuve. Les couloirs aux murs de pierre grise, où des tapisseries aux fils d’argent dépeignent des batailles marines et des couronnements anciens, bruissent de spéculations sur les couples qui se formeront pour le bal. Certains s’étonnent du silence de Mero, leurs murmures s’élevant dans les salles d’étude aux tables de bois massif où les parchemins s’entassent près des encriers de cuivre terni. ? Un fils du roi de Sel sans cavalière ? ? s’interroge une voix dans un coin, tandis qu’un autre ajoute avec un rire étouffé : ? Peut-être attend-il une princesse d’un royaume oublié. ? D’autres, plus audacieux, spéculent sur les raisons de ce choix, leurs regards curieux glissant sur lui dans la grande salle où les élèves partagent des repas sous des plafonds vo?tés ornés de fresques aux teintes fanées. Mais peu importe ce que disent les autres, Mero reste inébranlable, son choix ancré dans une attente qu’il ne nomme pas à haute voix : Mandarine viendra, il en est certain.

  Quelques jours plus tard, Dorian annonce fièrement avoir trouvé une cavalière en la personne de la princesse Ki de Qit, une nouvelle arrivée à l’école cette année, venue d’un royaume du nord du continent de Kaz, au-delà des montagnes qui séparent l’Empire de Mor de ses voisins méridionaux. La grande salle, où les élèves se réunissent sous des lustres de fer forgé suspendus à des cha?nes massives, s’anime de rires alors que Mero et Sven le taquinent sans retenue. Les tables de chêne massif, leurs surfaces marquées par des décennies de couverts et de rires, sont entourées de bancs où les élèves s’installent, leurs plats fumants – rago?ts d’agneau aux herbes, pains dorés encore chauds – emplissant l’air d’une odeur réconfortante. Dorian, ses joues légèrement rosées sous le regard moqueur de ses amis, tente de garder une contenance, triturant distraitement une miche de pain.

  ? Alors, Dorian ?, commence Sven, son sourire en coin illuminant ses yeux sombres, ? comment as-tu charmé une princesse nordique ? Lui as-tu récité des vers sous la neige ou défié un ours en duel pour ses beaux yeux ? ? Il croise les bras, s’adossant au mur près d’une tapisserie aux fils d’argent dépeignant une flotte naviguant sur l’Océan Vert, ses vagues stylisées scintillant dans la lumière vacillante des chandelles.

  Dorian, feignant l’indifférence, hausse les épaules, ses doigts émiettant le pain sur la table. ? Très dr?le ?, réplique-t-il, tentant de conserver son sérieux. ? Disons simplement que nous avons eu quelques conversations intéressantes – sur la politique, les alliances… des choses sérieuses. ?

  Mero, assis face à lui, croise les bras à son tour, un sourire narquois jouant sur ses lèvres. ? Oh, je vois ?, dit-il, sa voix teintée d’une fausse surprise. ? Pendant que nous étions occupés à reconstruire un quartier – les maisons aux murs de pierre ocre, les quais bordés de poutres sous un ciel voilé par la fumée des forges – monsieur discutait tranquillement avec une princesse. Quelle efficacité ! ?

  ? Ce n’est pas incompatible ?, répond Dorian, haussant à nouveau les épaules, bien que ses joues rosissent davantage sous le regard amusé de ses compagnons. Sven éclate d’un rire clair, sa voix résonnant dans la salle où les élèves, attablés sous les fresques fanées, jettent des regards curieux vers leur trio.

  ? En tout cas ?, ajoute Sven, posant une main sur l’épaule de Dorian avec une camaraderie feinte, ? j’espère que tu ne nous abandonneras pas complètement pour elle le soir du bal. Qui sait si Ki ne te fera pas danser jusqu’à l’aube dans ses bottes nordiques ? ?

  ? Ne t’en fais pas ?, rétorque Dorian avec un sourire en coin, repoussant la main de Sven. ? Je serai là. Mais ne comptez pas sur moi pour vous tenir compagnie toute la soirée – Ki mérite mieux que vos taquineries. ?

  Ils continuent de le taquiner un moment, leurs rires emplissant la grande salle où les serviteurs passent entre les tables, leurs plateaux d’argent chargés de pichets de vin doux et de plats fumants. Les murs de pierre grise, ornés de tapisseries aux fils d’argent, absorbent leurs voix, tandis que les hautes fenêtres donnant sur le fleuve scintillent sous un ciel voilé par les premières neiges de l’hiver. Ces instants de légèreté, sous les plafonds vo?tés où les fresques fanées racontent des siècles d’histoire impériale, sont précieux avant la grandeur du bal à venir.

  Quelques jours plus tard, Sven annonce à son tour avoir trouvé une cavalière – Eléonore de Fine, la s?ur de Dorian. Ils se trouvent dans une salle d’étude aux murs de pierre grise, assis autour d’une table de bois massif où des parchemins s’entassent près d’encriers de cuivre terni, leurs plumes d’oie encore humides d’encre noire. Les hautes fenêtres, encadrées de pierre brute, laissent entrer une lumière pale qui éclaire les étagères chargées de volumes reliés aux dos craquelés, tandis qu’une cheminée de pierre noire, où un feu crépite doucement, réchauffe l’air chargé d’une odeur de cire et de cuir ancien. Dorian, qui sirote un thé fumant dans une tasse de porcelaine blanche aux bords dorés, manque de s’étrangler à cette nouvelle, ses yeux s’écarquillant de surprise.

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  ? Ma s?ur ?! ? s’exclame-t-il, posant la tasse sur la table avec un claquement sec, ses joues rosissant sous le choc.

  Sven, fidèle à son flegme, affiche un sourire satisfait, croisant les bras avec une nonchalance étudiée. ? Oui, ta s?ur ?, répond-il, sa voix résonnant dans la pièce avec une pointe de malice. ? Une demoiselle charmante, d’ailleurs – agréable à discuter, cultivée, et… fort jolie, je dois dire. ?

  Dorian le fusille du regard, ses doigts serrant la tasse comme s’il envisageait de la lancer. ? Ne joue pas à ?a avec moi, Sven ?, grogne-t-il, sa voix tremblant d’une indignation fraternelle.

  ? Oh, mais je suis tout à fait sérieux ?, réplique Sven, sirotant son propre thé avec une tranquillité exaspérante, la vapeur montant en volutes fines dans l’air frais de la pièce. ? Je lui ai simplement demandé si elle souhaitait être ma cavalière, et elle a accepté. Une conversation fort plaisante près de la fontaine de la cour ouest – elle aime les récits de voyage, tu savais ? ?

  Mero ne peut s’empêcher de rire devant la réaction de Dorian, qui semble hésiter entre une colère protectrice et une résignation amusée, ses doigts tambourinant nerveusement sur la table. ? Eh bien, Dorian ?, dit-il, croisant les bras avec un sourire en coin, ? après avoir trouvé une cavalière en Ki, tu aides maintenant Sven à en trouver une dans ta propre famille. Quelle efficacité familiale ! ?

  ? Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit ?, grogne Dorian, ses yeux lan?ant des éclairs alors qu’il repousse une mèche de cheveux bruns tombant sur son front. ? Ce n’était pas mon idée ! ?

  Sven pose une main sur son épaule, feignant une compassion exagérée. ? Ne t’inquiète pas ?, dit-il, ses yeux pétillant d’amusement, ? je prendrai soin d’elle. Eléonore est entre de bonnes mains. ?

  ? C’est bien ?a qui m’inquiète ! ? rétorque Dorian, secouant la tête avec une grimace qui trahit son agacement mêlé d’une affection résignée.

  L’atmosphère reste légère, les rires de Mero et Sven emplissant la salle d’étude où les parchemins s’entassent sur la table, leurs bords jaunis fr?lant les encriers de cuivre terni. Les hautes fenêtres, donnant sur une cour intérieure où les pavés luisent sous une pluie fine, laissent entrer une lumière pale qui éclaire les étagères aux volumes reliés, tandis que le feu dans la cheminée projette une chaleur apaisante sur les murs de pierre grise. Ces échanges taquins, sous les plafonds vo?tés où les fresques fanées racontent des siècles d’histoire impériale, offrent un répit bienvenu avant le bal d’hiver, une nuit qui s’annonce mémorable pour chacun d’eux.

  Puis arrive la veille du bal, et Mandarine n’est toujours pas là. Les corridors de l’école, aux murs de pierre grise ornés de tapisseries aux fils d’argent dépeignant des batailles marines, s’animent d’une agitation croissante. Les élèves traversent les salles aux plafonds vo?tés, leurs pas résonnant sur le plancher ciré, transportant des rouleaux de tissu scintillant et des coffrets d’argent contenant des bijoux pour la soirée. Les dortoirs, aux fenêtres donnant sur des cours pavées où les saules pleureurs ploient sous une brise froide, débordent de rires et de discussions sur les tenues – des tuniques de soie aux broderies délicates, des robes aux jupes volumineuses ornées de dentelle fine. Les cuisines, aux murs de pierre noire où les fours ronflent sous des cheminées massives, exhalent des odeurs de pain frais, de viandes r?ties aux herbes et de patisseries sucrées, tandis que les serviteurs s’affairent à transporter des plateaux d’argent chargés de vivres vers le grand hall.

  Mero, assis dans une salle d’étude aux murs de pierre grise, scrute un parchemin annoté sur la table de bois massif, ses doigts effleurant les lignes d’encre noire qui détaillent les travaux près du fleuve – des maisons aux fa?ades de pierre claire bordées de ruelles pavées, leurs toits de tuiles rouges luisant sous un ciel voilé par la fumée des forges voisines. Les hautes fenêtres, encadrées de pierre brute, laissent entrer une lumière pale qui éclaire les étagères chargées de volumes reliés aux dos craquelés, tandis qu’une cheminée de pierre noire projette une chaleur vacillante sur les murs. Dorian et Sven entrent en riant, leurs bottes claquant sur le plancher ciré, et s’installent autour de la table, leurs tuniques de laine sombre contrastant avec la lumière pale filtrant à travers les vitres embuées.

  ? Alors ? ? lance Dorian, un sourire moqueur jouant sur ses lèvres alors qu’il croise les bras, ses yeux pétillant d’une malice évidente. ? Toujours aucune cavalière en vue ? ?

  Sven renchérit, s’adossant au mur près d’une tapisserie aux fils d’argent représentant une flotte naviguant sur l’Océan Vert. ? C’est bien la première fois qu’un fils de roi se retrouve sans cavalière au bal d’hiver ?, dit-il, sa voix résonnant dans la pièce avec une pointe de taquinerie. ? Si tu veux, je peux demander à Eléonore si elle a une amie disponible – une noble trop timide, peut-être, qui rêve de danser avec un prince de Sel ? ?

  Dorian lui donne un léger coup de coude, un rire étouffé s’échappant de ses lèvres, et Mero soupire, croisant les bras avec une nonchalance feinte. ? Je n’ai pas besoin d’une cavalière de dernière minute ?, réplique-t-il, sa voix ferme mais teintée d’une légère impatience. ? Mandarine viendra. ?

  Dorian hausse un sourcil, son skepticism évident dans le pli de son front. ? Tu es bien s?r de toi ?, dit-il, sa voix tra?nant sur une note dubitative. ? Mais elle n’est toujours pas là. ?

  Sven, sirotant un gobelet de thé fumant posé sur la table, ajoute avec un air faussement inquiet : ? Elle a peut-être été retenue en mer. Les tempêtes hivernales sont redoutables sur l’Océan Vert – imagine un navire aux voiles déchirées, perdu dans les vagues près des Montagnes Sanglantes ! ?

  Mero leur lance un regard noir, ses doigts serrant légèrement le parchemin devant lui, refusant de laisser leur taquinerie percer son assurance. ? Elle viendra ?, répète-t-il, sa voix résonnant avec une conviction qu’il s’efforce de maintenir, bien qu’une légère inquiétude commence à s’insinuer dans son esprit comme une brise froide glissant sous une porte mal fermée. Les rues de Mor, avec leurs maisons aux fa?ades de pierre claire bordées de ruelles pavées, leurs quais animés par le claquement des cordages et les cris des bateliers, et leurs places où les habitants s’assemblent sous des auvents délavés, s’étendent au-delà des fenêtres, mais son regard se perd vers l’horizon, là où l’Océan Vert s’étend jusqu’aux rivages sauvages de la ville pirate de Mandarine – des tavernes aux murs de bois délavé par le sel, des quais bordés de navires aux coques rapiécées, des marchés aux étals débordant de poissons séchés et d’épices rares.

  ? Si elle ne vient pas ?, dit Dorian, se penchant vers lui avec un sourire en coin, sa voix résonnant dans la salle où les parchemins s’entassent près des encriers de cuivre terni, ? tu sais que tu devras ouvrir le bal seul devant tout le monde – devant les professeurs aux tuniques de velours noir, les élèves aux regards curieux, sous les fresques fanées du grand hall ? ?

  ? Ou pire ?, ajoute Sven, posant son gobelet sur la table avec un claquement léger, ses yeux pétillant de malice, ? quelqu’un risque de te proposer une cavalière d’office – une noble trop enthousiaste, peut-être, avec une robe à volants et un rire strident qui résonnera dans toute la salle aux colonnes de marbre ? ?

  Mero leur lance un regard plus sombre encore, ses doigts serrant le parchemin jusqu’à le froisser légèrement, mais il refuse de répondre à leurs piques, son esprit fixé sur Mandarine – ses cheveux noirs dansant sous la brise marine, son rire défiant les tempêtes, sa silhouette surgissant dans l’éclat des chandelles du bal comme une vague indomptable. Les rues de Mor, avec leurs maisons aux toits de tuiles rouges luisant sous un ciel voilé par la fumée des forges, s’effacent dans son imagination, remplacées par les plages de sable blanc de sa ville pirate, bordées de palmiers aux troncs inclinés sous un soleil br?lant. Mais alors que la nuit tombe sur l’école impériale, enveloppant les corridors de pierre grise d’une obscurité traversée par les lueurs vacillantes des chandelles, Mandarine n’a toujours pas donné signe de vie.

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