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Le Bal Inattendu

  Le matin du bal d’hiver, une lettre parvient à Mero, glissée sous la porte de son appartement situé dans l’aile ouest de l’école Impériale de Mor. L’enveloppe, légèrement froissée par le voyage, arbore un sceau de cire rouge orné d’un bateau stylisé, l’emblème familier de Mandarine. Il la ramasse, ses doigts fr?lant le papier rugueux encore imprégné des embruns de l’Océan Vert, et brise le sceau avec une hate contenue. Les mots, griffonnés d’une plume rapide sur un parchemin jauni, sont brefs mais cinglants : Mandarine est malade et ne pourra pas venir. Le c?ur de Mero se contracte, un poids invisible s’abat sur sa poitrine tandis qu’il parcourt les lignes à plusieurs reprises, espérant en vain y trouver un mot réconfortant pour atténuer la déception qui le submerge. Mais la réalité s’impose, froide et implacable.

  Il s’installe sur une chaise près de la table massive en bois de son appartement, une pièce aux murs lambrissés de chêne sombre où flotte une odeur mêlée de cire et de cuir ancien, typique de l’air frais de l’hiver. Une haute fenêtre à meneaux, encadrée de pierre brute, ouvre sur une cour intérieure aux pavés luisants sous une pluie fine ; ses vitres embuées laissent passer une lumière pale qui baigne les étagères encombrées de volumes reliés aux dos fendillés et de cartes roulées aux bords jaunis. Dans la cheminée de pierre noire, des braises rougeoyantes crépitent doucement, projetant des ombres dansantes sur les murs et réchauffant l’espace malgré le froid qui s’infiltre par les interstices. Dans son esprit, il voit Mandarine : son visage pali par la fatigue, ses cheveux noirs en mèches désordonnées sur un lit aux draps de lin, dans une taverne aux murs de bois rongés par le sel, perdue sur une ?le de l’Océan Vert. Elle, si pleine de vie d’ordinaire, clouée au lit par la maladie – cette vision le tourmente. Une part de lui rêve d’abandonner le bal pour traverser les mers et la rejoindre, mais le poids de ses responsabilités le cloue sur place, ternissant l’éclat qu’il avait prêté à cette soirée autrefois si attendue.

  Peu après, Sven et Dorian font leur entrée, leurs bottes résonnant sur le plancher ciré, leurs tuniques de laine sombre parsemées de gouttes de pluie fine accrochées à leurs épaules. Ils avaient prévu de le taquiner, comme la veille dans la salle d’étude aux murs de pierre grise, où les parchemins s’empilaient près d’encriers de cuivre terni sous les hautes fenêtres donnant sur les saules pleureurs de la cour. Mais en croisant son regard éteint, leurs plaisanteries s’évanouissent. Dorian, ses cheveux bruns humides collés au front, pose une main sur l’épaule de Mero dans un geste simple mais chargé de c?ur. ? Je suis désolé ?, murmure-t-il, sa voix basse se mêlant au crépitement discret du feu dans la pièce.

  Sven, posté près de la fenêtre, acquiesce en silence, ses yeux sombres scrutant la cour pavée où les saules s’inclinent sous une brise froide. ? On pourrait trouver une excuse pour t’éviter d’ouvrir le bal ?, suggère-t-il, sa voix empreinte d’une sollicitude inhabituelle, ses doigts effleurant le bord de la vitre embuée.

  Mero inspire profondément, redressant les épaules malgré la lourdeur qui l’oppresse. ? Non ?, répond-il, secouant la tête avec une fermeté qui dissimule mal son trouble intérieur. ? Je suis un fils de la Maison de Sel. Je ne peux pas fuir mes devoirs. ? Pourtant, l’élan qui l’animait ces derniers jours, cet espoir vibrant de voir Mandarine appara?tre dans le grand hall aux colonnes de marbre blanc, s’est effacé, cédant la place à une résignation qu’il cache sous un masque impassible.

  Il se dirige ensuite vers le secrétariat, traversant des corridors de pierre grise où des tapisseries aux fils d’argent illustrent des batailles marines, leurs vagues stylisées scintillant sous la lueur tremblante des chandelles suspendues dans des appliques de fer forgé. L’atmosphère, d’ordinaire austère, bourdonne de l’effervescence des préparatifs : des serviteurs transportent des rouleaux de tissu scintillant vers les salles aux plafonds vo?tés, tandis que d’autres en livrées gris et argent acheminent des plateaux chargés de vivres vers les cuisines aux murs de pierre noire, où les fours grondent sous d’imposantes cheminées, répandant des effluves de pain frais et de viandes r?ties aux herbes. Dans le bureau étroit du secrétariat, aux murs lambrissés de bois sombre et aux étagères croulant sous des registres épais, une femme d’age m?r l’accueille. Ses cheveux sont tirés en un chignon strict, ses lunettes rondes perchées sur un nez aquilin.

  ? Ma cavalière ne pourra pas venir ?, annonce Mero, sa voix posée mais teintée d’une gravité retenue, ses doigts fr?lant le bord de la table où reposent des parchemins annotés près d’un encrier de cuivre terni. ? Elle a eu un empêchement. ?

  La secrétaire griffonne une note, sa plume crissant légèrement sur le papier, un sourire discret éclairant son visage alors qu’elle relève les yeux. ? Ne vous inquiétez pas, Votre Altesse ?, assure-t-elle, sa voix résonnant dans la pièce où une haute fenêtre dévoile une cour bordée de saules pleureurs, leurs branches frémissant sous la pluie fine. ? Nous allons tout arranger. Une autre cavalière sera choisie, et nous viendrons vous la présenter avant l’ouverture du bal. ?

  Mero incline la tête, mais ses pensées s’évadent malgré lui vers Mandarine – ses cheveux noirs virevoltant au gré de la brise marine, son rire bravant les bourrasques, un visage qu’il ne verra pas scintiller sous les chandelles du grand hall ce soir. Le devoir, comme une tunique trop pesante, le ramène à l’instant présent, une charge inéluctable qu’il endosse en silence. Il regagne son appartement, ses bottes claquant sur le plancher ciré des corridors où les élèves s’activent sous des plafonds vo?tés ornés de fresques défra?chies, tentant de repousser la déception qui le ronge.

  Le soir venu, deux serviteurs frappent à sa porte, leurs silhouettes se découpant dans l’embrasure sous la lumière vacillante des appliques de fer forgé. Vêtus de livrées gris et argent aux manchettes impeccables, ils s’inclinent avec une déférence muette. ? Votre Altesse, le moment est venu ?, déclare l’un d’eux, sa voix résonnant dans la pièce où le feu crépite dans la cheminée de pierre noire, diffusant une chaleur douce sur les étagères chargées de livres reliés et de cartes jaunies. Mero ajuste sa tunique de soie sombre, les broderies d’argent scintillant sous la lumière pale filtrée par la fenêtre à meneaux, puis les suit sans un mot, ses pas résonnant dans les corridors aux tapisseries marines.

  Ils le conduisent à une antichambre jouxtant le grand hall, une pièce aux murs de pierre grise où des fauteuils de velours rouge s’alignent sous des portraits aux cadres dorés, leurs sujets figés dans des regards austères. Une jeune fille d’environ treize ans l’y attend, sa silhouette frêle tranchant avec la majesté du lieu. Elle se nomme Victoria, petite cousine par alliance du prince héritier de l’Empire de Mor. Sa robe, un tissu bleu pale aux plis délicats tombant jusqu’aux chevilles, est simple mais élégante ; ses cheveux chatains, tressés en une couronne modeste, encadrent un visage pale aux joues légèrement rosées. Mero devine que ce choix surprendra les élèves et les nobles réunis ce soir dans le grand hall aux colonnes de marbre blanc veiné de gris, leurs murmures bruissant sous les plafonds vo?tés ornés de fresques fanées.

  Victoria s’incline avec timidité, son regard effleurant le sol, soulignant sa réserve. ? Votre Altesse ?, murmure-t-elle, sa voix douce résonnant dans l’antichambre où une haute fenêtre donne sur une cour intérieure bordée de saules pleureurs, leurs branches dansant sous une pluie fine dans la pénombre naissante. Mero lui offre un sourire rassurant, sensible à l’étrangeté de la situation pour eux deux, ses yeux scrutant son visage avec une curiosité bienveillante. ? Victoria ?, répond-il, sa voix calme mais empreinte d’une chaleur spontanée, ? c’est un honneur de vous avoir à mes c?tés ce soir. ? Un sourire discret éclaire ses lèvres à l’idée des rumeurs qui circuleront dans la grande salle – les chuchotements des élèves en tuniques de soie brodées, les regards intrigués des nobles sous les lustres de fer forgé suspendus à des cha?nes massives. Ce choix risque de déplaire à certains, mais il reconna?t que cette connexion prestigieuse pourrait lui attirer une attention inattendue dans une soirée assombrie par l’absence de Mandarine. Peu après, le carrosse s’ébranle, ses roues grin?ant sur les pavés humides de la cour, les emportant vers le grand hall où les chandelles scintilleront bient?t sur les colonnes de marbre et les robes aux jupes amples.

  The story has been taken without consent; if you see it on Amazon, report the incident.

  Dans la grande salle, où les plafonds vo?tés vibrent des premières notes d’une valse jouée par des musiciens perchés sur une estrade de bois sculpté, Victoria reste taciturne. Les invités, réunis sous les hautes fenêtres offrant une vue sur la ville traversée par le fleuve scintillant de Mor, tournoient en tuniques de soie et robes aux plis délicats, leurs pas glissant sur un parquet ciré reflétant l’éclat des lustres suspendus à des cha?nes massives. Elle danse avec une grace appliquée, ses mouvements précis mais dépourvus de la légèreté qu’apporte l’assurance, son regard souvent perdu dans le vide, comme cherchant une échappatoire à cette foule bruyante. Les colonnes de marbre blanc veiné de gris, tels des gardiens silencieux, encadrent une piste où les couples virevoltent sous les fresques fanées aux teintes d’azur et d’or, leurs ombres dansant sur les murs tandis que les chandelles diffusent une lumière douce sur les visages.

  Les invités l’observent avec curiosité, leurs murmures montant dans l’air empli d’odeurs de cire fondue et de parfums floraux, incertains de la place de cette jeune fille au bras de Mero – son lien avec le prince héritier attise des regards intrigués, des chuchotements étouffés derrière des éventails de plumes. Quelques nobles, en tuniques de velours noir aux broderies d’argent, tentent de l’approcher, leurs voix résonnant dans la salle où les musiciens jouent une mélodie lente sous les plafonds vo?tés. Mais Victoria répond par une courtoisie distante, ses mots brefs et ses yeux fuyants, peu encline à se perdre dans les bavardages qui bourdonnent autour d’elle comme un essaim dans un jardin d’hiver.

  Mero, au fil de la soirée, note la tension dans ses épaules frêles, l’effort qu’elle déploie à chaque pas comme si elle luttait. Leurs regards se croisent parfois durant les danses, et Victoria semble chercher en lui un refuge, une ancre dans ce flot de visages inconnus et d’attentes implicites. Les couples tourbillonnent autour d’eux, leurs pas glissant sur le parquet ciré sous les lustres suspendus à des cha?nes massives, tandis que les musiciens sur l’estrade de bois sculpté encha?nent des mélodies aux accents mélancoliques, leurs archets murmurant sur les cordes. Sentant son malaise cro?tre, Mero l’entra?ne doucement à l’écart lors d’une pause, près d’une haute fenêtre donnant sur une cour intérieure où les saules pleureurs frissonnent sous une pluie fine luisant dans la nuit.

  ? Qu’est-ce qui ne va pas ? ? demande-t-il, sa voix douce résonnant dans l’antichambre aux murs de pierre grise, où des fauteuils de velours rouge tr?nent sous des portraits aux cadres dorés, leurs visages sévères perdus dans le vide.

  Victoria baisse les yeux, un tremblement dans la voix alors qu’elle répond, ses doigts crispés sur les plis de sa robe bleue. ? On m’a dit que c’était plus convenable que je sois avec vous ?, murmure-t-elle, ses mots fragiles comme un souffle. ? Mais je ne voulais pas quitter mon cavalier. On s’était préparés ensemble, et il est… comme un frère pour moi. On m’a assuré que c’était un honneur de vous accompagner, alors je me suis tue, même si ?a me brise le c?ur. ?

  Elle soupire, ses épaules frêles s’affaissant sous un fardeau invisible, ses yeux, d’ordinaire vifs, voilés d’une tristesse qu’elle retient à grand-peine. ? Je n’ai pas choisi ce r?le ?, ajoute-t-elle, la voix tremblante, ? et je me sens perdue ici. J’aurais voulu rester avec lui, rien qu’avec lui. ?

  Mero l’écoute sans l’interrompre, son regard posé sur elle avec une compassion sincère. Il reconna?t en elle ce tiraillement entre le devoir imposé et le désir de suivre son c?ur, un écho de sa propre lutte face à l’absence de Mandarine. Les lieux – murs de pierre grise, hautes fenêtres ouvertes sur le jardin– s’effacent, remplacés dans son esprit par les plages de sable blanc de la ville pirate de Mandarine, ses palmiers ployés sous un soleil ardent, un havre qu’il ne peut rejoindre.

  ? Je suis désolé, Victoria ?, dit-il, sa voix empreinte d’une douceur sincère résonnant dans l’antichambre où persiste une odeur de cire fondue. ? Je ne voulais pas que vous vous sentiez contrainte. ? Il réfléchit, ses doigts effleurant le rebord de la fenêtre où la pluie fine dessine des lignes scintillantes sur les vitres embuées. Il sait que la dernière danse du bal offre une certaine liberté – une coutume permettant à un cavalier de céder sa place pour des raisons personnelles. Une idée se forme, et il se tourne vers elle avec un sourire léger. ? Pour la dernière danse ?, propose-t-il, sa voix résonnant dans la pièce aux fauteuils de velours rouge, ? je pourrais prétendre une indigestion. Vous pourrez alors danser avec votre cavalier. ?

  Victoria écarquille les yeux, surprise, avant qu’une lueur de gratitude, mêlée d’hésitation, n’éclaire son regard. ? Vraiment ? ? murmure-t-elle, sa voix douce résonnant dans l’antichambre où les portraits aux cadres dorés semblent observer en silence. ? Mais… ne risquez-vous pas votre réputation ? On vous verra quitter la salle avant la fin… ?

  Elle jette un coup d’?il autour d’elle, ses doigts serrant les plis de sa robe bleue avec une gêne palpable, mais l’espoir de retrouver son cavalier avec qui elle avait répété l’emporte dans son c?ur. ? Pourtant, vous avez raison ?, ajoute-t-elle, sa voix s’adoucissant, ? ce serait tellement mieux pour moi. Je ne veux pas vous causer d’ennuis. ?

  Mero la rassure, posant une main légère sur son épaule avec une bienveillance qui tranche avec l’austérité ambiante. ? Ne vous inquiétez pas ?, dit-il, sa voix teintée d’une assurance calme. ? J’aurai tout le temps de réparer mon image plus tard. L’important, c’est que vous terminiez cette soirée comme vous le désirez. ? Victoria lui offre un sourire timide, ses épaules se relachant légèrement sous le poids qui les écrasait, ses yeux brillant d’une reconnaissance qu’elle peine à exprimer.

  ? Merci ?, souffle-t-elle, la voix tremblante d’émotion tandis qu’elle ajuste sa robe bleue. ? Merci infiniment. Je ne sais pas comment vous rendre cette gentillesse. ? Elle inspire profondément, comme pour se donner du courage, son regard scrutant la foule qui tournoie au-delà des portes ouvertes, dans la grande salle aux colonnes de marbre blanc veiné de gris.

  Mero fait signe à Dorian et Sven. Ils s’approchent, leurs bottes claquant sur le plancher ciré, et l’entourent, leurs yeux curieux posés sur lui sous la lumière pale filtrant par les hautes fenêtres donnant sur les saules pleureurs. ? J’ai un plan ?, explique-t-il ? Victoria a d? abandonner son cavalier pour être avec moi. Pour la dernière danse, je feindrai une indigestion, et elle pourra danser avec lui. ?

  Dorian échange un regard avec Sven, un sourire malicieux aux lèvres avant d’acquiescer. ? Si tu es certain ?, dit-il, un clin d’?il ponctuant ses mots tandis qu’il croise les bras, ses doigts fr?lant la manche de sa tunique.

  Sven, plus posé, incline la tête en signe d’accord discret. ? C’est un beau geste ?, dit-il. ? Espérons que Victoria en profite. Mais fais en sorte de partir discrètement pour limiter les regards. ?

  Ils s’accordent à jouer leur r?le, leurs voix se mêlant en un murmure complice alors que les premières notes de la dernière danse s’élèvent dans le grand hall, une mélodie lente jouée par les musiciens sur leur estrade de bois sculpté sous les plafonds vo?tés aux fresques fanées. Les couples se rassemblent sur le parquet ciré, réfléchissant l’éclat des lustres suspendus à des cha?nes massives, leurs pas glissant en une harmonie élégante sous la lumière douce des chandelles.

  Mero entre en action, sa tunique de soie sombre scintillant sous les lumières alors qu’il se tient près de Victoria dans la grande salle aux colonnes de marbre blanc veiné de gris. La musique s’amplifie, et il feint soudain un malaise, une main sur le ventre, une grimace crispant son visage, ses épaules s’affaissant comme sous une douleur subite. Des murmures parcourent la foule, une vague de curiosité agitant les invités tandis qu’un valet en livrée gris et argent s’avance, son plateau d’argent terni posé sur une table proche. ? Votre Altesse, vous sentez-vous bien ? ? demande-t-il, sa voix résonnant dans la salle sous les fresques aux teintes d’azur et d’or.

  Dorian, fidèle à son r?le, glisse à l’oreille du valet avec un sourire discret : ? Une indigestion, sans doute. Un peu d’air frais lui ferait du bien. ? Sven, près de Victoria, lui adresse un regard rassurant, ses yeux sombres surveillant la foule pour garantir la fluidité du plan.

  Le moment décisif arrive. Mero se penche vers Victoria, sa voix basse mais ferme résonnant dans l’antichambre où persiste une odeur de cire fondue. ? Je suis désolé, je ne peux pas finir cette danse ?, dit-il, ses yeux croisant les siens avec une sincérité douce. Touchée, elle hésite un instant, ses doigts crispés sur sa robe bleue, puis acquiesce timidement, ses joues rosissant sous la lueur des chandelles.

  Il s’éclipse discrètement, traversant les corridors faiblement éclairés où les appliques de fer forgé jettent des lueurs vacillantes sur les murs de pierre grise ornés de tapisseries aux fils d’argent. Les lieux, avec leurs plafonds vo?tés et leurs hautes fenêtres donnant sur la ville de Mor traversée par le fleuve scintillant de Mor, s’estompent derrière lui alors qu’il regagne son appartement, ses bottes résonnant sur le plancher ciré. L’air frais de la nuit, plus léger que la chaleur étouffante de la salle bondée, caresse son visage comme un soulagement lorsqu’il pousse la porte de sa chambre, ses murs lambrissés l’accueillant dans un calme réconfortant.

  Il referme la porte, ses doigts lachant la poignée avec une fatigue contenue, et ?te sa tunique de soie sombre, les broderies d’argent brillant une dernière fois sous la lumière pale de la fenêtre à meneaux avant de retomber sur une chaise près de la table de bois massif. La soirée ne s’est pas déroulée comme il l’imaginait. Pourtant, un sourire léger na?t sur ses lèvres alors qu’il s’assied près de la cheminée de pierre noire, où les braises rougeoyantes diffusent une chaleur douce sur les étagères chargées de volumes reliés et de cartes jaunies. Victoria pourra achever le bal avec son cavalier, une lueur douce dans une soirée marquée par l’amertume. Il a agi justement, et cette certitude allège un peu le fardeau qui pèse sur lui.

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