L’heure du banquet était arrivée, et Mero, accompagné de ses fidèles compagnons, se dirigea vers la grande salle à manger du palais. Lorsqu’ils franchirent les lourdes portes ornées de motifs sculptés, la pièce s’ouvrit devant eux dans toute sa splendeur. Immense, elle était soutenue par de hauts piliers de marbre blanc, leurs surfaces gravées de volutes florales et de silhouettes de créatures légendaires qui semblaient danser sous la lumière tamisée. Au-dessus de leurs têtes, des lustres en cristal scintillaient comme des étoiles emprisonnées, diffusant une lueur douce et chaleureuse qui enveloppait la salle d’une atmosphère presque irréelle. Les murs, parés de grandes tapisseries aux teintes profondes, narraient l’histoire du royaume de Qit : des batailles héro?ques, des couronnements sous des cieux flamboyants, des festins où les rires d’antan résonnaient encore dans les fils d’or et de pourpre.
Au c?ur de la salle s’étendait une longue table, chargée de mets somptueux disposés avec une élégance étudiée. Des plateaux d’argent ployaient sous le poids de viandes r?ties à la cro?te dorée, de poissons marinés exhalant des parfums d’herbes et de citron, et de légumes grillés aux épices nordiques qui titillaient les narines. Des corbeilles débordaient de pains encore chauds, leur cro?te craquante légèrement sous la pression des doigts, tandis que des coupes regorgeaient de fruits exotiques – grenades éclatantes, figues juteuses, et baies aux couleurs vives. Des carafes de vin rouge sombre et de liqueurs ambrées scintillaient sous les reflets des lustres, prêtes à être servies. Mero sentit une pointe de faim lui pincer l’estomac, mais il se redressa, conscient de l’importance de cette soirée.
Les convives étaient déjà installés autour de la table. Des nobles de Qit, drapés de soieries brodées d’or, c?toyaient quelques dignitaires impériaux dont les insignes brillaient avec une froide autorité. à la place d’honneur tr?nait l’Empereur, son regard acéré scrutant la salle avec une gravité silencieuse. à ses c?tés, le roi de Qit, plus affable, échangeait des murmures avec un conseiller, un sourire discret aux lèvres. Hélène, princesse impériale, était assise non loin de son grand-père, son port altier et son calme olympien trahissant son aisance dans cet univers de grandeur. Mero et ses compagnons, invités personnels de Ki, avaient été placés à ses c?tés, une distinction qui attira quelques regards curieux parmi les nobles.
à peine furent-ils assis que des serviteurs en livrées impeccables s’approchèrent, versant dans leurs coupes des vins parfumés et des liqueurs aux ar?mes délicats. Mero porta la coupe à ses lèvres, laissant le vin corsé – une explosion d’épices et de fruits m?rs typique du nord – réchauffer sa gorge. Le repas débuta par une série d’entrées raffinées : des tranches de viandes fumées aux notes boisées, des poissons marinés d’une fra?cheur exquise, et des légumes grillés dont les épices nordiques picotaient la langue avec audace. Puis vinrent les plats principaux : des r?tis fondants sous la lame, des plats mijotés aux saveurs riches et complexes, et du gibier des forêts profondes de Qit, sa chair tendre imprégnée de senteurs sauvages.
Ki, assise à c?té de Mero, se pencha vers lui avec un sourire malicieux. ? Alors, qu’en penses-tu de notre cuisine ? ? lan?a-t-elle, ses yeux pétillant d’une curiosité amusée.
Dorian, fidèle à son élégance naturelle, répondit avec une courtoisie mesurée : ? Délicieuse. Les saveurs sont riches, parfaitement équilibrées. ?
Mandarine, qui explorait une sauce relevée avec une curiosité enfantine, ajouta : ? Surprenante. On dirait un feu d’épices dans la bouche, mais… j’aime ?a. ? Elle esquissa un sourire en coin, visiblement conquise.
Sven, lui, était trop absorbé par un morceau de gibier pour répondre, ses joues gonflées comme celles d’un écureuil. Eléonore pouffa doucement. ? Je crois qu’on a notre réponse, ? glissa-t-elle, un éclat rieur dans les yeux.
Mero observa ses compagnons, un sourire discret aux lèvres. Il s’était attendu à une soirée guindée, écrasée par le poids de la présence impériale, mais l’ambiance était étonnamment légère. Ki et son père, le roi, avaient su insuffler une chaleur presque familiale au banquet. Les rires fusaient ?à et là, discrets mais sincères, et même les dignitaires impériaux semblaient se détendre, leurs épaules s’affaissant sous l’effet du vin et de la convivialité.
Soudain, l’Empereur leva sa coupe, et un silence respectueux tomba sur la salle. Tous les regards convergèrent vers lui. ? Vous avez voyagé longtemps et bravé bien des épreuves cette année, ? déclara-t-il, sa voix grave résonnant comme un écho dans les piliers de marbre. ? Que cette soirée marque le début d’un été mémorable. ?
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Mero saisit son verre et le leva à son tour, imité par ses compagnons. Un frisson d’excitation mêlé d’une vague appréhension le traversa. Quelque chose dans le ton de l’Empereur, dans la fa?on dont ses mots pesaient dans l’air, laissait présager que ce séjour à Qit ne serait pas une simple parenthèse de repos. Il croisa le regard de Mandarine, qui lui offrit un sourire lumineux, ses yeux brillant de la même attente silencieuse.
Le toast se prolongea dans un concert de coupes qui s’entrechoquaient doucement, le tintement du cristal résonnant comme une promesse fragile. Ils burent à la santé de l’Empereur, du roi de Qit, de leurs familles et des liens qui les unissaient, chaque gorgée scellant un v?u tacite. Le vin, avec ses notes épicées, réchauffa le c?ur de Mero, chassant momentanément ses pensées vagabondes.
La conversation reprit autour de la table, un mélange d’anecdotes sur l’année écoulée et de questions sur les coutumes de Qit. Ki, débordante d’enthousiasme, leur raconta les traditions de son peuple, notamment les longues nuits d’été où les festivités s’étiraient sur des jours entiers. ? Demain, je vous emmène voir la capitale d’été, ? annon?a-t-elle, ses mains s’agitant d’excitation. ? Là-bas, vous verrez la vraie vie de Qit, loin des palais et des dorures. ?
Mandarine haussa un sourcil, un sourire en coin étirant ses lèvres. Le luxe ne l’avait jamais impressionnée ; elle préférait les expériences brutes, authentiques. Sven et Eléonore échangèrent un regard complice, déjà impatients de cette escapade, tandis que Dorian, fidèle à son élégance, hocha la tête avec une curiosité discrète.
à l’autre bout de la table, l’Empereur et le roi de Qit discutaient à voix basse, leurs fronts penchés l’un vers l’autre. Mero les observa un instant, se demandant quelles affaires d’état pouvaient bien occuper leurs esprits en un tel moment. Pourtant, leur présence ne semblait pas alourdir l’atmosphère. Peut-être voyaient-ils en lui et ses compagnons une relève, une génération destinée à fa?onner l’avenir de l’Empire. Cette idée fit na?tre un frisson dans sa nuque, un mélange de fierté et de poids.
Alors que le banquet s’achevait, des musiciens firent leur entrée, portant des instruments aux sonorités envo?tantes : tambours au rythme vif, fl?tes aux notes cristallines, et cordes vibrantes qui semblaient caresser l’ame. La musique emplit la salle, et bient?t, les convives se levèrent, entra?nés par les mélodies du nord.
Mandarine bondit presque de sa chaise, les yeux brillants de joie pure. Elle se lan?a dans la danse, tournoyant avec une grace instinctive, son rire éclatant comme une cascade de lumière dans la salle. Elle tendit la main à Mero, l’invitant à la rejoindre. Il hésita un instant mais l’éclat dans les yeux de Mandarine balaya ses doutes. Il se leva, saisit sa main et la fit tournoyer, ses pas maladroits contrastant avec son agilité à elle. Elle éclata de rire, ses cheveux virevoltant comme des flammes sous les lustres.
Ki, experte des danses traditionnelles, guida le groupe avec une aisance naturelle, enseignant les pas complexes de Qit. Hélène, d’abord réservée, finit par céder à l’élan collectif, sa grace impériale se fondant dans l’exubérance du moment. Sven et Eléonore se lancèrent dans une danse plus vive, un défi amical où chacun rivalisait de précision et d’énergie. Dorian, quant à lui, dansait avec une élégance calculée, chaque mouvement exécuté comme une ?uvre d’art.
Mero se laissa porter par le rythme, guidé par Mandarine. Il trébucha une fois ou deux, mais elle ne s’en formalisa pas, riant de plus belle. Pendant un instant, le monde s’effa?a : les regards des nobles, la stature imposante de l’Empereur, les incertitudes de demain. Il n’y avait que la musique, la chaleur de sa main dans la sienne, et la joie brute qui pulsait dans l’air.
La nuit s’étira, la musique ne faiblissant jamais. Le banquet se mua en une célébration éclatante de la vie et de l’amitié, où les hiérarchies semblaient s’effacer dans la chaleur de l’instant. Mero sentit une douce fatigue l’envahir, mais il ne voulait pas que cela s’arrête. Chaque seconde passée ici, entouré de ceux qu’il chérissait, valait plus que tous les trésors du palais.
Enfin, alors que la lune brillait haut dans le ciel, ils se retirèrent dans leurs chambres. Mero et Mandarine, épuisés mais comblés, se glissèrent sous les draps soyeux du grand lit à baldaquin. La fra?cheur de la soie apaisa leur peau échauffée par la danse, et une brise légère, porteuse du parfum des fleurs du jardin, flottait dans la pièce. Mandarine murmura quelques mots ensommeillés, sa voix douce comme une plume contre son oreille. Mero passa une main dans ses cheveux, sentant ses paupières s’alourdir.
Le parfum salé de la mer lui manquait, il le savait – un vide qu’il ressentait souvent. Elle aussi lui manquait lorsqu’ils étaient séparés, une absence qui creusait son c?ur plus qu’il ne l’admettait. Mais ce soir, il n’y avait ni manque ni regrets, seulement la certitude apaisante de leur présence mutuelle. Il ferma les yeux, bercé par la respiration calme de Mandarine contre sa peau. Le voyage, la fête, l’Empereur… tout cela pouvait attendre demain. Pour l’instant, il n’y avait qu’eux, dans le silence paisible du palais de Qit.