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Rencontre Inattendue au Palais de Qit

  Alors que Mero avan?ait dans les jardins somptueux du palais, son regard fut irrésistiblement attiré par une scène intrigante qui se déroulait sous ses yeux. Le soleil de fin d’après-midi baignait les lieux d’une lumière dorée, projetant des ombres longues et dansantes sur les pelouses impeccablement entretenues. Au centre d’un pavillon ombragé, dont les colonnes de marbre blanc scintillaient doucement, se tenait le roi de Qit. C’était un homme à l’allure imposante, son manteau de fourrure élégamment brodé de fils d’or et d’argent captant la lumière avec chaque mouvement. Il conversait avec une silhouette mystérieuse dont le dos était tourné vers le groupe. Cet inconnu portait un long manteau aux teintes sombres – un noir profond mêlé de reflets indigo – qui tranchait avec la clarté éclatante du marbre et des fleurs multicolores qui bordaient le pavillon. Son port était droit, presque rigide, et bien que son visage restat caché, une aura indéniable émanait de lui, comme une force silencieuse qui imposait le respect.

  Mero sentit une légère tension monter en lui. Les jardins, avec leurs rangées de jasmins odorants et leurs fontaines murmurantes, étaient un havre de paix, mais cette scène semblait chargée d’une signification qu’il ne saisissait pas encore. Il jeta un coup d’?il à Ki, qui marchait en tête du groupe. Elle ralentit imperceptiblement le pas, et pendant un bref instant, son regard habituellement rieur se durcit, comme si elle reconnaissait quelque chose – ou quelqu’un – dans cette rencontre. Puis, aussi vite qu’elle s’était crispée, elle retrouva son masque de calme et de confiance, un sourire léger flottant sur ses lèvres. Hélène, à ses c?tés, avan?ait avec sa grace habituelle, ses yeux bleus scrutant la scène avec une précision froide, presque analytique. Derrière eux, Dorian et Eléonore échangèrent un regard interrogateur, leurs sourcils légèrement froncés trahissant une curiosité teintée d’appréhension. Mero, quant à lui, sentit son pouls s’accélérer. Il avait déjà assisté à des audiences royales, mais celle-ci avait une saveur différente, un poids qu’il ne pouvait ignorer.

  Le roi de Qit finit par remarquer leur présence. Ses yeux s’illuminèrent d’une chaleur sincère, et il esquissa un large sourire avant de leur faire signe d’approcher d’un geste ample de la main. L’inconnu, en revanche, ne bougea pas immédiatement. Il termina sa phrase d’une voix basse et posée, un murmure presque inaudible mais empreint d’une autorité naturelle, avant de pivoter lentement vers eux. Mero retint son souffle, ses doigts se crispant légèrement sur le bord de sa tunique. Qui pouvait bien inspirer une telle retenue chez un roi aussi puissant que celui de Qit ?

  Soudain, Ki brisa la tension en s’élan?ant vers son père. Ses pas légers résonnèrent sur les dalles de marbre poli, et elle se jeta dans ses bras avec un rire joyeux qui contrastait avec la solennité ambiante. Le roi de Qit éclata d’un rire chaleureux, profond et réconfortant, et la souleva légèrement du sol dans une étreinte débordante d’affection. Leur complicité était évidente, un lien familial tissé de confiance et d’amour qui réchauffa le c?ur de Mero malgré l’étrangeté du moment. Pendant ce temps, Hélène s’avan?a avec une démarche impériale, ses mouvements fluides et assurés, vers l’inconnu qui se tournait enfin complètement vers eux.

  Un frisson collectif parcourut le groupe lorsque le visage de l’homme fut révélé : c’était l’Empereur en personne. Mero sentit son estomac se nouer, une vague d’admiration mêlée d’intimidation le submergeant. Il avait grandi avec les récits de l’Empereur – sa sagesse légendaire, sa poigne de fer, son regard capable de percer les ames – mais le voir ainsi, en chair et en os, dépassait toutes ses attentes. L’Empereur avait des traits marqués par les années, des rides profondes encadrant des yeux gris acier qui semblaient tout absorber. Sa présence était écrasante, presque tangible, et pourtant, il y avait dans son maintien une élégance austère qui for?ait le respect.

  Un silence respectueux s’installa, seulement troublé par le bruissement des feuilles dans la brise. Hélène, sans jamais perdre une once de sa prestance, s’approcha de lui et se glissa dans ses bras. Le geste était mesuré, presque formel, mais il trahissait une intimité rare entre la princesse et son grand-père. L’Empereur l’étreignit brièvement, un sourire fugace adoucissant ses traits sévères, avant de la relacher avec une retenue calculée. Mero observa la scène, fasciné par la dynamique entre eux – une tendresse contenue sous des couches de protocole.

  Ki, toujours dans les bras de son père, riait encore doucement, mais ses yeux pétillants balayaient le groupe avec curiosité. Les compagnons de Mero, eux, échangeaient des regards incrédules. Dorian murmura quelque chose à Eléonore, qui hocha la tête, les yeux écarquillés. Ce voyage, qui semblait jusqu’alors une simple visite, prenait une tournure inattendue. Mero s’inclina profondément, imité par ses compagnons, une marque de respect instinctive face à la grandeur de l’Empereur. La présence de ce dernier au palais de Qit ne pouvait être un hasard, et Mero sentit une pointe d’excitation mêlée d’appréhension monter en lui.

  Le roi de Qit rompit le silence avec un sourire bienveillant. ? L’Empereur préfère passer l’été dans le nord, ? expliqua-t-il, sa voix résonnant avec une chaleur paternelle. ? La chaleur du sud l’étouffe, et il trouve ici un climat plus clément. Cela fait plusieurs années qu’il a pris cette habitude. ? Il ponctua ses mots d’un petit rire, ajoutant : ? Mon palais est devenu sa résidence estivale, et je ne peux qu’accepter cet honneur, bien s?r. ?

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  L’Empereur, qui jusque-là observait le groupe avec une attention silencieuse, prit la parole. Sa voix était calme mais ferme, chaque mot pesé avec soin. ? L’air du nord est plus vivifiant, ? dit-il. ? Et les affaires de l’Empire ne s’arrêtent pas pour autant. ? Il n’y avait aucune trace de légèreté dans son ton, seulement une détermination froide qui rappela à Mero les récits de son règne inflexible. Même dans ce cadre estival, loin des salles de conseil et des champs de bataille, l’Empereur restait un souverain en pleine ma?trise de son pouvoir.

  Hélène se tenait droite à ses c?tés, son port altier parfaitement accordé à celui de son grand-père. Elle semblait chez elle dans cette atmosphère de grandeur, ses yeux brillants d’une assurance tranquille. Ki, en revanche, rayonnait d’une énergie plus spontanée. Elle embrassa de nouveau son père avec un enthousiasme enfantin avant de se tourner vers le groupe, un sourire espiègle éclairant son visage. ? Eh bien, maintenant que vous savez que nous avons un invité de marque, profitez du palais ! ? lan?a-t-elle, sa voix teintée de malice. ? Mais attention, mon père et mon cousin par alliance auront s?rement un ?il sur vous. ?

  L’Empereur ne réagit pas à cette remarque, son regard glissant méthodiquement sur chaque membre du groupe. Lorsque ses yeux s’attardèrent sur Mero, celui-ci sentit un frisson glacé parcourir son échine. Que voyait l’Empereur en lui ? Un jeune prince encore inexpérimenté ? Un allié potentiel ? Il baissa légèrement la tête, espérant masquer son trouble.

  Le groupe restait agenouillé, attendant un signe pour se relever. Le silence s’étira, pesant, sous la lumière dorée qui filtrait à travers les arches du pavillon. Le vent jouait avec les pétales des fleurs, les faisant tournoyer doucement jusqu’au sol, mais personne n’osait bouger. Enfin, le roi de Qit échangea un regard avec l’Empereur, puis s’adressa à eux d’un ton doux mais ferme. ? Relevez-vous, ? dit-il. ? Vous êtes ici en tant qu’invités et amis de ma fille. ?

  Mero se redressa lentement, ses jambes légèrement engourdies par la position prolongée. Ses compagnons l’imitèrent, et il sentit le poids de la solennité de l’instant s’alléger quelque peu. Pourtant, la présence de l’Empereur continuait de planer sur eux comme une ombre imposante. Celui-ci les observa encore un moment, puis inclina légèrement la tête – un geste discret mais significatif. ? Vous avez parcouru un long chemin, ? déclara-t-il, sa voix grave résonnant dans l’air. ? Le voyage a d? être éprouvant. ? Ce n’était pas une question, mais une observation, et Mero se demanda si l’Empereur cherchait à tester leur endurance ou à sonder leurs intentions.

  Hélène, toujours à ses c?tés, esquissa un sourire énigmatique, comme si elle savourait la tension qui flottait autour d’eux. Ki, elle, ne semblait pas affectée par l’atmosphère pesante. Elle s’avan?a avec une énergie débordante et lan?a : ? Père, Majesté, permettez-moi de leur faire visiter le palais et de leur montrer où ils séjourneront. ?

  Le roi de Qit hocha la tête, un éclat amusé dans les yeux. ? Bien s?r, ? répondit-il. ? Mais revenez ce soir pour le banquet. Il y a bien des choses à célébrer. ?

  Mero inclina la tête en signe de respect, imité par ses compagnons, avant de suivre Ki qui les entra?nait déjà à travers les couloirs somptueux du palais. Elle les guida vers l’aile des invités, un espace qui semblait tout droit sorti d’un rêve. Les longs couloirs étaient bordés de colonnes sculptées, leurs surfaces gravées de motifs floraux et de créatures mythiques. Des salons richement décorés s’ouvraient de part et d’autre, leurs murs ornés de mosa?ques aux couleurs vibrantes où la lumière dansait en reflets chatoyants. Les plafonds, peints de scènes célestes et de légendes anciennes, attiraient le regard de Mero vers le haut, l’invitant à imaginer les histoires qu’ils racontaient. Sous leurs pieds, des tapis moelleux étouffaient le bruit de leurs pas, ajoutant une touche de confort à cette grandeur intimidante.

  Ki les conduisit jusqu’aux chambres qui leur avaient été attribuées. Chacune était un chef-d’?uvre en soi, digne d’un prince ou d’une reine. Les lits à baldaquin, drapés de soieries aux teintes riches – pourpre, émeraude, or – dominaient l’espace, entourés de meubles finement ouvragés aux détails délicats. Des balcons s’ouvraient sur les jardins luxuriants ou sur la plaine infinie du nord, offrant des vues qui coupaient le souffle. Mero entra dans la chambre qui lui était destinée et s’arrêta net devant la fenêtre. La lumière du soleil couchant peignait l’horizon d’une palette de roses et d’oranges, tandis qu’une rivière scintillante serpentait au loin. Il inspira profondément, laissant l’air frais et parfumé remplir ses poumons.

  ? J’espère que cela vous conviendra, ? dit Ki avec un sourire amusé, observant leurs réactions.

  Sven, habituellement indifférent au luxe, ne put s’empêcher de siffler en examinant les gravures complexes qui ornaient les murs. ? C’est… impressionnant, ? marmonna-t-il, ses doigts effleurant une sculpture représentant un dragon enroulé autour d’une fleur. Eléonore, plus discrète, caressait du bout des doigts les rideaux de soie, ses yeux brillants d’émerveillement devant leur douceur. Dorian, lui, restait silencieux, le regard perdu dans la vue au-delà de la fenêtre, comme s’il réfléchissait à des enjeux bien plus vastes.

  Mandarine s’approcha de Mero et lui murmura à l’oreille : ? Je pourrais m’habituer à un tel confort… mais je préfère toujours mon hamac sur un navire. ? Sa voix portait une pointe d’humour, mais Mero savait qu’elle était sincère. Il sourit, partageant son sentiment. Ce palais, aussi splendide soit-il, avait une lourdeur, une immobilité qui contrastait avec la liberté des grands espaces qu’ils avaient tous deux connue.

  Ki claqua dans ses mains pour capter leur attention. ? Reposez-vous un peu si vous le souhaitez, ? dit-elle, son ton enjoué tranchant avec la solennité de l’audience précédente. ? Ce soir, le banquet sera grandiose, et demain, je vous montrerai quelque chose que peu d’étrangers ont eu l’honneur de voir. ?

  Eléonore, intriguée, releva les yeux. ? Quoi donc ? ? demanda-t-elle, sa voix douce mais curieuse.

  Ki se contenta de sourire mystérieusement, ses yeux pétillant de malice.

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